Vade retro satanas

Sors de ce corps, Ludovine de la Rochère ! Apparemment, le pape François a été envoûté par les tenants de la manif pour tous, dont on se croyait complètement débarrassés depuis l’adoption définitive de la loi sur le mariage homosexuel, une disposition que même les tenants de la droite la plus décomplexée semblent avoir décidé de ne pas abroger en cas de retour au pouvoir. Mais le diable se niche dans les détails et il lui arrive de s’habiller en soutane blanche. Le pape François en personne en est la vivante illustration.

Il a raconté avoir rencontré le tentateur, mais il ne l’a pas reconnu sous son déguisement de brave père de famille français qui lui a débité un boniment digne des camelots de foire selon lequel son fils lui aurait fait part de son intention de devenir une fille plus tard. Et tout cela, à cause des manuels scolaires qui se feraient les propagandistes de la théorie « du genre » (prononcez jaure, svp), une théorie complètement inconnue au bataillon de l’enseignement en France, mais dont la légende est perpétuée par les intégristes pour dénigrer l’éducation nationale et rameuter le bon peuple traditionaliste. On voit par-là que si le pape semble plutôt un bon gars sur un certain nombre de sujets, il reste quand même d’une confondante naïveté lorsque l’on discute de choix de société. Comment a-t-il pu se laisser à ce point abuser par le Malin qu’il en a négligé la plus élémentaire vérification d’affirmations sans le moindre fondement ? Les militants qui l’ont endoctriné ont bien dû lui présenter quelque exemplaire grossièrement falsifié de leur accusation mensongère, et il n’aurait pas eu la lucidité de le contrôler ? Le dogme de son infaillibilité va en prendre un sérieux coup dans l’aile, à mon humble avis.

Le péché originel des papes, c’est bien souvent tout ce qui touche de près ou de loin à la sexualité. Voilà des gens qui sont censés énoncer les bonnes pratiques d’une activité à laquelle ils sont supposés avoir renoncé de leur propre gré. De surcroît, ils édictent les règles de fonctionnement d’une famille, alors qu’eux-mêmes n’en fondent pas, volontairement. Ce manque cruel d’expérience se ressent nécessairement dans leurs prises de position, si j’ose dire, et explique leur peu d’imagination dans la définition des relations entre les sexes. Reste donc la délicate question de l’exorcisme, pour débarrasser le pape François du démon qui a pris possession de son enveloppe charnelle. Il y a déjà eu une tentative en 2007 lorsque Nicolas Sarkozy a cru bon de se faire accompagner pendant sa visite officielle d’un spécialiste de la spiritualité, Jean-Marie Bigard, mais le pape de l’époque, Benoît XVI, n’a pas semblé sensible à ses exhortations, sauf à découvrir que ce serait la cause de sa démission ultérieure. Le problème reste entier.