Présomption

Malgré les très nombreuses casseroles qu’il traîne, dont une bonne partie est remontée à la surface cette semaine, Sarkozy est présumé innocent, c’est entendu. Du moins sur le plan judiciaire. Parce que les sondages d’opinion montrent que sa cote de popularité, et par voie de conséquence, ses chances d’être à nouveau candidat à l’élection présidentielle se sont considérablement érodées. Notez bien que je suis le dernier à m’en plaindre. De là à décerner un brevet d’honnêteté à Jean-François Copé, comme il se l’attribue lui-même, il y a un pas que je me refuse à franchir.

Si JFC n’a pas été mis en examen dans l’affaire Bygmalion, la fraude portant sur le dépassement des frais de campagne reportés sur l’UMP au moyen d’une fausse facturation, il parait invraisemblable qu’il n’en ait pas été complètement ou partiellement informé. Il ne semble pas y avoir de preuves formelles de son implication, mais on imagine mal qu’il n’ait pas été au courant de ces malversations en raison de ses responsabilités de l’époque à l’UMP. Sans oublier que l’agence en question, qui a bénéficié de la fraude, était dirigée par des amis, à qui il a largement mis le pied à l’étrier. Dans cette affaire, de fortes présomptions pèsent en faveur de sa complicité, au minimum, bien qu’il soit apparemment difficile de la prouver. Ne confondons pas non-lieu et innocence. C’est pourtant ce que fait le maire de Meaux qui s’estime blanchi par la justice et n’hésite pas à charger deux de ses concurrents à la primaire, Fillon et Sarkozy.

La défense de Sarkozy n’est pas différente. Il s’efforce de faire croire qu’il n’était au courant de rien, que l’intendance ne le concernait pas, qu’il laissait ces tâches subalternes à la valetaille. Comment croire qu’avec son expérience des campagnes électorales il n’ait pas eu conscience que ses exigences amenaient à un dépassement du plafond des dépenses, tel qu’il a fallu parfois diviser la facture par sept pour rester dans les clous ? Et cependant, il affirme que son hymne de campagne lui a été offert par un ami de Carla, qui lui, a été payé 86 000 euros, tandis que la facture officielle fait état de 43 000 euros. Au bout du compte, la campagne de 2012 a probablement coûté entre 2 et 3 fois le maximum de 22 millions autorisés. Même à la louche, ça devait se voir. Le candidat Sarkozy s’est montré présomptueux en pensant que personne n’oserait le poursuivre, fort du précédent de 1995 quand le Conseil Constitutionnel avait validé les comptes de Chirac, malgré un dépassement patent, afin de ne pas créer un scandale préjudiciable à la France. Une époque révolue, je présume.