La meute

C’est le titre, à mon avis mal choisi, du dernier livre dont on parle, sans avoir eu l’occasion de le lire puisqu’il est à peine sorti, et que l’encre des premiers exemplaires commercialisés est tout juste sèche. Comme vous le savez probablement, il est consacré à Jean-Luc Mélenchon, et à son mouvement de la France Insoumise, à ne pas confondre avec un vulgaire parti politique traditionnel, avec ses instances dirigeantes élues, tenant congrès régulièrement. LFI est « dans un état gazeux » qui n’a pas besoin de ces rituels pour exister, puisque tout procède et conduit à son chef, Jean-Luc Mélenchon. Cela m’a rappelé une déclaration du chanteur et leader du groupe de rock célèbre en son temps, qui disait : « Police (le groupe), c’est Sting (lui-même), et Sting, c’est Police ».

Dans le groupe LFI, tous sont égaux, mais seule la parole du chef a force de loi. C’est lui qui écrit la partition, qui joue la partie solo, et qui distribue les pupitres. Dans un tel orchestre, il y a peu de place pour l’improvisation, autre que celle du leader, par laquelle se clôt toute discussion contradictoire. Cette vision du fonctionnement d’un groupe rappelle fortement la structuration d’une dérive stalinienne de l’idéal communiste, connu sous le terme de centralisme démocratique, qui permet à un « noyau dur » soudé autour d’une forte personnalité, de prendre et maintenir un pouvoir absolu. Les éventuels dissidents n’ont pas d’autre choix que de quitter d’eux-mêmes le navire, ou d’attendre d’en être débarqués. Des purges régulières ont ainsi forcé des piliers du mouvement à s’écarter des sphères dirigeantes, y compris des soutiens de longue date de Mélenchon ou des amis personnels, rejetés sans ménagement après des années de bons et loyaux services.

Cette critique n’est pas nouvelle, et après tout, il y a du linge qu’il vaut mieux laver en famille, mais cette idéologie est en passe de plomber l’ensemble de la gauche, tant qu’une nouvelle candidature à la présidence de la République de Jean-Luc Mélenchon sera présentée comme incontournable et seule légitime par ses partisans. Il est admis généralement que seule une gauche unie sur l’essentiel aurait une chance d’accéder à un deuxième tour et peut-être de l’emporter contre un représentant du Rassemblement national. Encore faudrait-il un accord entre ses composantes, qui reste à trouver, quand les partenaires éventuels se renvoient des excommunications réciproques qui laisseront forcément des traces. Si l’on accepte de laisser LFI préempter la désignation du candidat de la Gauche, l’issue sera probablement inéluctable. Il reste encore des échéances électorales, les municipales, et peut-être des législatives, pour instaurer de nouveaux rapports de forces dans le pays.

Commentaires  

#1 Jacotte44 07-05-2025 13:27
Un très mince filet d'espoir@
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