
Savoir-faire ou faire savoir
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 12 avril 2025 11:14
- Écrit par Claude Séné

Nous le savons, le président français, Emmanuel Macron, est féru de théâtre et a lui-même pratiqué l’art dramatique pendant sa scolarité. C’est même à cette occasion qu’il a rencontré son épouse qui était professeur de français dans son établissement. Il en a gardé le goût de la mise en scène de ses moindres faits et gestes et une difficulté à aborder simplement et directement les sujets qui l’intéressent sans les noyer dans un salmigondis plus ou moins intéressant sur les attendus de ses décisions. C’est ainsi qu’il faut comprendre sa déclaration récente sur la reconnaissance possible par la France de l’état palestinien.
Un autre dirigeant se serait sans doute contenté de faire cette annonce au moment où la décision était prise, peut-être après consultation des forces politiques du pays, s’il souhaitait démontrer qu’il traduisait un souhait de la nation, voire en organisant une consultation directe des Français sur le sujet au moyen d’un référendum pour marquer le caractère solennel et démocratique de ce choix, puisqu’il prétend régulièrement donner la parole au peuple sans le début de l’ombre d’un commencement d’exécution. Au lieu de quoi il s’est contenté d’afficher une fois de plus son importance personnelle et le prestige de sa fonction, qui se réduit pourtant de plus en plus à son côté honorifique. Au point qu’il a cru bon de publier une mise au point sur le réseau social X pour expliciter sa position et répondre aux critiques soulevées par son annonce de l’annonce d’une possible reconnaissance d’un état palestinien. À force de vouloir se donner le beau rôle et se poser en faiseur de paix, la grenouille française tente désespérément de se pousser du col, avec le risque d’éclater sans impressionner quiconque.
Si la France est prête à cette démarche, qu’elle la fasse, et sans attendre. Elle a eu maintes fois l’occasion de le faire, ne serait-ce qu’en 2024, avec nos partenaires d’Espagne, de Norvège ou d’Irlande, portant à 148 le nombre de pays à avoir franchi le pas comme la Russie, la Chine ou l’Inde. Nous sommes restés pour notre part dans un camp occidental avec d’autres grandes puissances reliées historiquement à l’État d’Israël, comme les États-Unis, l’Angleterre ou l’Allemagne. Plutôt que de vouloir faire « des coups » en prenant des initiatives spectaculaires dont on se demande si la motivation première n’est pas de se faire valoir, il vaudrait sans doute mieux chercher à persuader les dirigeants des pays réticents par la diplomatie classique. Les crimes de guerre dans le conflit de Gaza ont fait basculer les opinions publiques de plusieurs pays jusque là hésitants. Il reste à convaincre leurs dirigeants d’en accepter les conséquences, ne serait-ce que les membres de l’Union européenne, divisés sur ce sujet.