Petits cachottiers

Quand on fait profession d’être communicant, on pourrait imaginer que l’on fait tout pour être connu soi-même, de manière à trouver des clients et augmenter son chiffre d’affaires. Détrompez-vous. La filiale de Bygmalion, Event & Cie, organisait des évènements très publics pour l’UMP et son candidat à la présidentielle dans la plus grande discrétion.

 

Depuis que trois des membres de cette société secrète ont été placés en garde à vue, puis mis en examen, c’est la conspiration du silence de la part des principaux protagonistes. C’est d’abord Nicolas Sarkozy qui prend de très haut la question timide de son journaliste de chevet trop respectueux en prétendant qu’un président sortant a d’autres chats à fouetter et qu’il a entendu parler de Bygmalion longtemps après l’élection. Si c’est pas vrai, je suis un menteur, aurait-il pu ajouter.

Même son de cloche chez son principal concurrent pour la primaire de 2016, Alain Juppé, qui affirme lui aussi n’avoir rien à voir avec cette officine, dont il ignorait jusqu’à l’existence, si on l’en croit. Pourtant, le troisième larron, en lice lui aussi pour les prochaines présidentielles, François Fillon, ne nie pas avoir eu connaissance des activités de Bygmalion pour l’UMP. Il va même plus loin en déclarant que tout le monde était au courant. Si l’on ajoute que l’un des mis en examen a reconnu les faits de fausse facturation qui lui sont reprochés, que le directeur de campagne du candidat menace de tout balancer s’il est exclu de l’UMP, refusant le rôle de lampiste qui lui était si aimablement promis, que des proches de Sarkozy sont à leur tour placés en garde à vue, la thèse de l’ignorance a sérieusement du plomb dans l’aile.

À supposer que la bonne foi du candidat ne puisse pas être officiellement déniée, il n’en resterait pas moins responsable ultime de ces malversations, notamment sur le plan financier. Si ce système de fraude à grande échelle a été mis en place à l’insu de son plein gré, il aurait dû s’en apercevoir et se rendre compte que sa campagne coûtait beaucoup trop cher. Quant aux petits cachottiers qui ont fait fortune sur le dos des militants de l’UMP et des finances publiques, ils devraient rejoindre rapidement leur habitat naturel : le cachot.