Un homme de convictions

Oui ! Manuel Valls est un homme de convictions, et même de plusieurs convictions successives. Il y a seulement trois ans, quand il briguait les suffrages des sympathisants de gauche à la primaire socialiste, il s’était déclaré en faveur de la GPA (gestation pour autrui), « une évolution incontournable ». Il aura suffi de l’annonce du retour des intégristes de la manif pour tous dans la rue pour lui faire changer d’avis.

 

Le sujet est suffisamment sérieux pour qu’on ne le tranche pas aussi simplement. Ce que je reproche au premier ministre, ce n’est pas sa prise de position en faveur ou à l’encontre de cette pratique actuellement interdite en France, c’est la stigmatisation des personnes concernées, par l’emploi de formules extrêmement fortes, en qualifiant le recours à la GPA de « pratique intolérable de commercialisation des êtres humains ».

Le débat ne porte pas tant actuellement sur la légalisation éventuelle de la GPA que sur le sort des enfants conçus de cette manière et nés à l’étranger, dont les parents français demandent la naturalisation. Cette procédure n’est pas automatique et le premier ministre maintient cette position, malgré un arrêt de la Cour européenne qui est supposé primer sur le droit national. En pratique, les tribunaux qui ont été saisis par des demandes de familles ont toujours tranché en faveur de ce qu’ils considèrent comme l’intérêt de l’enfant en lui accordant la nationalité française. Il me semble que l’état pourrait sans dommage suivre cette position de simple bon sens et s’épargner, ainsi qu’aux familles concernées, les frais d’une procédure.

Cette situation dans laquelle les femmes sont amenées à chercher à l’étranger ce que la législation française interdit m’en rappelle une autre, celle de l’interruption volontaire de grossesse avant la loi Weil. Je ne crois pas que la clandestinité ait jamais amélioré aucune situation. Manuel Valls se serait honoré à mettre en chantier une vaste réflexion dans le but de proposer une loi permettant d’encadrer l’ensemble des techniques destinées à favoriser la conception d’enfants pour ceux qui en sont empêchés. Le mariage pour tous a été l’objet d’un débat national qui a duré 8 mois. La GPA et la PMA en mériteraient bien autant.