Deux poids, deux mesures

La députée insoumise Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, a révélé avoir été convoquée par la police nationale pour être entendue officiellement sur une supposée « apologie du terrorisme » à la suite de la publication d’un communiqué le 7 octobre dernier au sujet de l’attaque du Hamas contre Israël et la prise d’otages par le mouvement palestinien. Avant elle, Rima Hasan, Française d’origine palestinienne, candidate aux élections européennes, a également été convoquée pour les mêmes raisons. La plainte a été déposée par l’Organisation juive européenne, qui s’est donné pour objectif de lutter contre l’antisémitisme et l’antisionisme.

Ces convocations ne déboucheront pas nécessairement sur des condamnations, car le supposé délit est loin d’être établi. Le communiqué de LFI déplore les morts de part et d’autre, et c’est apparemment le problème de l’OJE qui ne supporte pas que l’on rappelle les conséquences de la politique menée par le pouvoir actuel en Israël qui aboutit à un développement exponentiel de la colonisation dont le résultat est de compliquer, sinon condamner, la recherche d’une solution pacifique du conflit. Il y aurait donc les bonnes et les mauvaises victimes ? Il serait impossible de critiquer la politique menée par Benyamin Netanyahou et ses alliés pour se maintenir au pouvoir contre les intérêts de la population, y compris les Israéliens eux-mêmes ? Avec le vote récent du Congrès américain, permettant le déblocage des budgets destinés à soutenir les alliés des États-Unis, au premier rang desquels se trouve l’Ukraine, et, juste derrière, l’état hébreu, le Premier ministre a gagné un répit, mais il a récolté au passage un, voire deux avertissements, de la part du président américain Joe Biden.

Le premier date du début février, quand est paru un décret présidentiel américain visant spécifiquement des colons israéliens auteurs de violences en Cisjordanie et sanctionnés par le gel de leurs avoirs et des restrictions de circulation aux États-Unis. Une mesure très symbolique, mais qui rappelle qu’Israël reste tributaire de son allié américain, sans lequel sa puissance militaire ne pourrait pas se perpétuer durablement face à ses ennemis potentiels. Va-t-on accuser Joe Biden d’apologie du terrorisme pour autant ? La deuxième décision est encore plus embarrassante pour Netanyahou, puisqu’elle concerne le fleuron du pouvoir israélien, son armée. L’administration américaine a décidé de ne plus apporter aucun soutien à un bataillon de juifs ultra-orthodoxes, convaincus de violences et d’atteintes aux droits de l’homme en « Judée-Samarie », appellation destinée à dénier les droits des Palestiniens à vivre en Cisjordanie. Rappeler ce contexte, j’en ai bien conscience, suffit aux yeux des extrémistes de l’OJE à me disqualifier totalement et définitivement et faire de moi un propagandiste souhaitant la destruction de l’État d’Israël. Une seule réponse possible : « c’est la canaille ? Eh bien, j’en suis ! »