Jalousie

Voilà un sentiment, et une émotion, qui fait partie de la panoplie des ressentis humains.

C’est une émotion complexe aux origines souvent passionnelles, qui provoque un désarroi intense pour celui qui la ressent.

Fondée sur le désir de posséder la personne aimée, accompagnée de la crainte de la perdre au profit d’un rival, elle peut déclencher la colère, les pleurs, les angoisses, le plus souvent disproportionnées, entraînant une perte de contrôle, et une réelle souffrance. C’est un sentiment qui, par excès, devient dysfonctionnement véhiculant confusion, agressivité, anxiété, parfois terreur.

C’est un sentiment vécu « honteusement » au point que le jaloux utilise des messages pour le masquer, pour se protéger : ne pas faire confiance, ne pas s’attacher, ne pas montrer ce que l’on ressent. Les femmes admettent leur jalousie plus facilement que les hommes qui souvent se jugent sévèrement, trouvant inexplicable la force de la douleur, ils mettent du temps souvent avant de dévoiler ce qui leur semble indigne d’éprouver ! C’est un état qui fragilise le sentiment de sécurité acquis difficilement au cours des années.

C’est une maladie de l’amour plutôt qu’une maladie d’amour, de cet amour qui permet de s’aimer soi-même dans l’amour que l’autre nous porte. Dès qu’il y a attachement, il y a jalousie qui trouve sa source dans l’amour premier avec la mère !

Après l’extase de l’accord entre le tout-petit et sa mère dans un fantasme d’unisson, le tiers entre en scène pour soutenir la séparation, aidant la mère à se désinvestir progressivement pour ouvrir un espace rationnel à l’autre. Si l’un et l’autre des parents n’ont pas tenu cette place, indisponible, trop possessif, l’enfant est dans une perpétuelle attente, c’est sur du manque que la jalousie prend racine.

Manque de confiance en soi, manque de confiance dans l’autre.

Le jaloux fonctionne sur un mode d’attachement exclusif. Il veut tout pour n’être exclu de rien. Il veut être le seul pourvoyeur d’attention, si l’autre désire en dehors de lui cela met au grand jour son insuffisance, il va douter de sa valeur, de son charme. Dans un climat d’angoisse, il guette en permanence les instants où l’autre pourrait le désinvestir, tout ce qui est en dehors de son contrôle éveille sa fureur et le doute. La jalousie puise sa force dans la haine, entre négation de l’autre et mésestime de soi, elle dévaste l’amour.

La jalousie fleurit dans la croyance d’un amour non partagé, qui fait se confronter à ses craintes de rejet, sur la suspicion que l’intérêt n’est pas fondé ou encore sur la comparaison quand deux protagonistes sont très différents sur un point sensible (écart d’âge, de beauté, de niveau intellectuel…) ce qui engendre la peur que l’autre se détourne vers une personne qui lui ressemble davantage. Il faut ajouter la jalousie suscitée par la perte d’un amoureux qui a quitté l’autre quand on aime toujours celui qui a abandonné, les sentiments négatifs se portent alors sur la tierce personne ! La plus sournoise et perverse, c’est la jalousie incitée, pour mettre son pouvoir de séduction à l’épreuve, l’être aimé entretient consciemment des ambiguïtés sur ses sentiments.

Largement exploitée dans la littérature, le cinéma, elle occupe hélas une place dans les faits divers souvent appelés « drame de la jalousie », celle-là même qui révèle notre personnalité profonde et notre façon d’être, et qui peut se soigner !

 L’invitée du dimanche