La clémence d’Audrey (Lamy)

L’affaire remonte à 2022, quand la villa que possède l’actrice dans la région de Montpellier a été cambriolée en son absence, pendant qu’elle tournait dans le nord de la France. Elle n’a été connue que récemment, quand les auteurs présumés ont été retrouvés, interpelés et jugés au début du mois. Ceci serait déjà en soi un sujet d’intérêt, tant les vols au domicile de célébrités se sont multipliés ces dernières années, parfois en présence de leurs victimes, ou au contraire en étant sûr de leur absence, comme certains footballeurs pendant leur match. J’ignore le détail de l’enquête, mais la police semble avoir fait diligence, ainsi que la justice.

Ce qui est établi, c’est qu’Audrey Lamy a renoncé à déposer une plainte quand elle a connu l’origine italo-bosniaque de ses cambrioleurs, jugeant probablement qu’il s’agissait d’un vol imputable à un état de nécessité comparable à la démarche de celui qui vole un morceau de pain pour se nourrir ou empêcher son enfant de mourir de faim. C’est donc le parquet qui s’est saisi lui-même au nom de la société pour demander des poursuites pénales contre 3 personnes qui avaient dérobé des articles de valeur pour un montant de 18 000 euros environ. Deux d’entre eux ont été relaxés et un accusé a écopé de 12 mois de prison ferme et 10 ans d’interdiction de séjour sur le territoire français. La comédienne a justifié sa décision de ne pas porter plainte malgré le préjudice subi en indiquant ne pas vouloir en rajouter sur la situation précaire de ces migrants, ce qui est tout à son honneur. Pour m’être trouvé dans une situation similaire, mis à part que je ne possède pas d’objets suffisamment valorisables pour intéresser des cambrioleurs, je sais combien ce type d’intrusion peut être mal vécu.

Je préfère cependant l’attitude d’Audrey Lamy, critiquée par certains tenants de l’ordre établi, qui me rappelle la chanson de Georges Brassens, « Stances à un cambrioleur », dans laquelle, tout en rendant hommage au bon goût de son voleur, il tente de le dissuader d’en faire une habitude, « la moindre récidive abolirait le charme » et lui donne même des conseils pour sa future orientation professionnelle. N’en déplaise aux mauvais coucheurs, Audrey Lamy, tout en jouant souvent des personnages de comédie a aussi interprété des battantes, comme dans le film « Les invisibles », une comédie sociale dans laquelle on a envie de ressembler à l’héroïne qu’elle incarne, comme les autres personnages, tout aussi touchants. On n’attend pas nécessairement d’un acteur qu’il soit aussi sympathique à la ville qu’à l’écran, mais quand ça arrive, ça ne gâte rien. Au hasard, Vincent Lyndon versus Gérard Depardieu par exemple.