Je ne sais rien, mais je dirai tout

Et pourquoi pas ? Si les médias supposés sérieux des chaines d’information continue ont mis leur point d’honneur à justifier leur appellation en tenant l’antenne des heures durant avec une seule information vraiment nouvelle, la découverte d’ossements humains identifiés formellement comme étant ceux du petit Émile, introuvable depuis le 8 juillet 2023, je ne vois pas au nom de quoi je me priverais d’un sujet de réflexion qui ne va vous solliciter que quelques minutes, si vous êtes curieux de connaître mon avis sur la question.

J’ai appris la nouvelle comme tout le monde, je suppose, par l’intermédiaire d’un flash d’info, bientôt repris dans les journaux télévisés, et j’ai cru tout d’abord que l’on allait connaître enfin la vérité sur ce fait divers dramatique en forme d’énigme policière digne d’un auteur de romans. Après cette découverte macabre, la seule certitude qui en ressort, c’est que malheureusement cet enfant de 2 ans et demi est effectivement mort, sans qu’aucun élément ne permette pour l’instant de privilégier une hypothèse plus qu’une autre : notamment s’il s’agit d’une mort accidentelle ou volontaire, consécutive ou non à un enlèvement et séquestration, le chef officiel de l’enquête après un premier objet de disparition inquiétante. Pire encore, les conditions de la découverte n’ont fait pour l’instant qu’amplifier les interrogations des enquêteurs sur les circonstances de cette mort, et les possibles déplacements du corps. Les analyses médico-légales permettront peut-être d’éclaircir certains points, mais les recherches risquent de prendre encore beaucoup de temps, pendant lequel les principaux médias pourront encore feuilletonner même sans éléments nouveaux.

C’est peut-être même le principal intérêt de cette enquête de démontrer les mécanismes à l’œuvre dans le traitement de l’information notamment sur Internet, où je puise régulièrement pour alimenter cette chronique quotidienne. Très souvent, les sites essaient d’attirer les lecteurs potentiels en utilisant des techniques aussi vieilles que la presse elle-même, notamment en matière de titres. On m’a appris à distinguer deux sortes de titres : informatifs ou incitatifs. N’étant pas journaliste professionnel, j’utilise de préférence la seconde catégorie. De plus en plus, les sites spécialisés promettent des révélations dans leurs gros titres, mais souvent ils réservent leurs informations à leurs abonnés, ou même ne reprennent absolument pas le titre alléchant dans le corps de l’article. Je laisse volontairement de côté ces séries délirantes de publicités plus ou moins bien déguisées, équivalent des livres cherchant à rendre le lecteur prisonnier d’un suspense artificiel, qui transforment leurs auteurs en « putes à clics » si vous me pardonnez l’expression. Je dois donc faire mon mea culpa puisque j’ai participé moi aussi à ma modeste échelle à populariser un sujet sur lequel on ne peut pas dire grand-chose actuellement. Espérons tout au moins que ce fait nouveau permettra à la famille de sortir d’une incertitude, d’un doute qui ronge quotidiennement et de l’angoisse d’un dénouement désormais avéré.