La gifle

C’est une sorte de soufflet qui a été asséné aux Français mercredi soir lorsque le Premier ministre, qui s’était invité au journal de TF1, a indiqué qu’il comptait récupérer le déficit des comptes publics dont son gouvernement est comptable, sur le dos des plus précaires, ceux qui sont privés d’emploi et qui essaient de survivre avec de maigres indemnités encore trop généreuses à son goût. J’ai aussitôt pensé à cet incident de campagne présidentielle à Strasbourg en 2002 quand François Bayrou avait giflé un enfant de onze ans en l’apostrophant d’un sonore « tu me fais pas les poches ! » dans un langage bien peu châtié pour un ancien ministre de l’Éducation nationale.

Et pourtant, c’est bien ce que s’apprête à faire Gabriel Attal en s’attaquant à nouveau au régime d’indemnisation du chômage, qui n’y est pourtant pour rien puisqu’il vient d’être réformé pour la 2e fois et qu’un durcissement est envisagé avant même la mise en œuvre des dernières modifications. Si ça n’est pas faire les poches des Français, je ne vois pas quel autre nom lui donner. Le Premier ministre ne peut même pas invoquer une logique économique puisque le régime est actuellement légèrement excédentaire et le restera jusqu’en 2027. La stratégie libérale reste toujours la même. Il s’agit de désigner des boucs émissaires. En l’occurrence, ce sont les mauvais Français qui vivent aux crochets de la société et refuseraient de travailler. Ceux que l’on appelait autrefois les assistés parce qu’on ne les laissait pas crever de faim dans leur coin. L’hypocrisie ambiante consiste à « laisser les partenaires sociaux travailler » pour les inciter à faire le sale boulot que même le patronat, pourtant peu enclin à défendre l’État-providence, répugne à proposer. Sachant qu’en cas de désaccord, le gouvernement tranchera. On ne connait pas encore la composition exacte de la sauce à laquelle les malchanceux réduits au chômage seront mangés, mais on sait déjà qu’ils devront faire maigre et se contenter d’une portion de plus en plus congrue.

Ces mauvais coups feront de la casse sociale supplémentaire, mais ne permettront en aucun cas de résoudre le déficit chronique ni de réaliser les investissements nécessaires pour remettre à flot les secteurs les plus sinistrés de notre économie, qui sont souvent également ceux qui devraient bénéficier d’une augmentation des crédits. Citons pour exemple la Santé, l’Éducation, la Transition écologique, sans oublier l’Agriculture, la Défense contre des agresseurs potentiels, la Culture, les infrastructures et l’aménagement du territoire, le logement, j’en passe, et je ne rentre pas dans les détails. Bref, de simples mesures conjoncturelles, qui pénaliseront lourdement les Français qu’elles toucheront, mais seront très loin de répondre aux besoins vitaux de la population. Et ce gouvernement, suivant en cela le mantra présidentiel, se refuse à demander le moindre effort à ceux qui pourraient le plus se passer des surprofits dont ils bénéficient, par simple gratitude de classe.