En avoir ou pas

De quoi s’agit-il ? Vous l’aurez deviné, je pense, je veux parler des biceps du président de la République généreusement exposés la semaine dernière sur le site Instagram de la photographe officielle d’Emmanuel Macron, Soazig de La Moissonnière. On y voit en effet le président mis en scène dans une attitude de boxe, un sport qu’il pratique en effet assez régulièrement, et l’attention des internautes et des commentateurs politiques a été attirée par ces images suggérant qu’Emmanuel Macron se serait récemment doté d’une musculature impressionnante, surtout par comparaison avec des documents plus anciens.

Au point de se demander s’il faut attribuer ce développement spectaculaire à l’effet de la testostérone dont semble déborder le président, ou plus prosaïquement à un effet « photoshop » similaire à celui que la princesse Kate Middleton a reconnu avoir utilisé pour dissimuler son état de santé un peu précaire. Est-ce qu’Emmanuel Macron ne se serait pas « fait son cinéma » comme dans la chanson de Nougaro où il se présente ainsi : « un mètre quatre-vingt, des biceps plein les manches… » ce qui ne correspond pas exactement au portrait-robot de l’artiste. Beaucoup d’interrogations dans la presse pour un simple cliché, donc. Mais il faut bien comprendre que ces deux photos ont été prises et cadrées pour mettre en valeur leur sujet, retouché ou pas. Le noir et blanc répond à des codes esthétiques différents de l’emploi de la couleur, et surtout la publication n’a pu se faire qu’avec l’accord de l’Élysée, et dans un but précis.

Certains ont voulu voir dans la pose du président une allusion à la série de films Rocky mettant en scène Sylvester Stallone dans le rôle de Rocky Balboa. Mais, outre que l’acteur est infiniment plus musclé que l’homme politique, il représente aussi l’ascension sociale que permet parfois la boxe, avec un peu de chance et beaucoup de travail. La seule rue que Macron a dû traverser pour se trouver un boulot rémunérateur semble bien être celle des Champs Élysées. Si la boxe a été un temps l’apanage des pauvres ayant la rage de réussir comme Robert de Niro dans le « Raging bull » de Martin Scorcese, elle a aussi obtenu ses lettres de noblesse en étant pratiquée par de riches oisifs, qui en ont fait un art véritable, comparable à l’escrime, un peu comme le rugby, ce sport de voyous pratiqué par des gentlemen, selon l’expression consacrée. Si l’on gomme cette référence sociale, il reste l’attitude belliqueuse d’un président prêt à en découdre, une posture qu’il affectionne comme au moment du scandale de son garde du corps trop zélé, quand il apostrophait la France entière en s’exclamant : « qu’ils viennent me chercher ! » Alors qui le président défie-t-il cette fois-ci ? Son homologue russe, porté sur la muscu lui aussi ? Ça serait ballot de déclencher le feu nucléaire pour une taille de biceps, non ?