Les ennemis de nos ennemis…

Sont parfois aussi nos ennemis. Le massacre froidement perpétré près de Moscou par l’organisation terroriste état islamique, nous a évidemment ramenés à 2015 et au Bataclan, quand la France était la cible désignée. Il faudra cependant attendre les résultats de l’enquête, si elle est menée avec transparence, pour connaître les détails et comprendre les circonstances exactes de cet attentat. Le doute sur les auteurs présumés semble d’ores et déjà levé. Contrairement aux accusations du pouvoir russe destinées à discréditer la Tchétchénie à l’époque et justifier une répression sévère voulue par le Kremlin, la revendication de l’acte terroriste par la branche Afghane de l’état islamique semble tout à fait plausible.

Ce qui n’empêchera pas les propagandistes russes officiels et officieux de laisser planer un doute sur l’Ukraine, si cela leur permet d’accuser sans preuve le « régime de Kiev » responsable selon eux de tous les maux et de justifier une mobilisation massive pour laquelle ils auront préparé le terrain en admettant être passé à un « état de guerre » imposé par les Occidentaux et l’OTAN. Le silence de Poutine et des autorités russes permet d’envisager toutes les hypothèses et de masquer provisoirement l’échec patent des services de renseignement pourtant prévenus par les Américains de l’éventualité d’une attaque de grande ampleur. Le maître du Kremlin ne prendra sans doute la parole que s’il est en mesure de publier un communiqué présentant cette défaite cuisante comme une victoire éclatante. Ce sera difficile tant que le commando de 4 ou 5 personnes, auteur de la tuerie de masse, restera introuvable, malgré les arrestations annoncées de 11 personnes dont 4 soupçonnées d’avoir participé directement à l’attaque, selon le FSB.

Le gouvernement ukrainien aura beau nier énergiquement toute participation à cet attentat, et déclarer fermement qu’il n’y est pour rien, alors que la Russie de Poutine est coutumière de manipulations dans ce domaine, le Kremlin cherche à l’impliquer de toutes les manières possibles. Les terroristes, qui ont réussi à s’échapper, seraient en route vers l’Ukraine, qui aurait commandité l’attentat. L’ancien président Medvedev, avec sa délicatesse coutumière a d’ores et déjà menacé d’exécuter les dirigeants ukrainiens s’ils étaient impliqués dans ce massacre. Toutes proportions gardées, c’est comme si nous avions exercé des représailles sur la Belgique et ses dirigeants quand la France avait été attaquée par des djihadistes exerçant leur coupable activité depuis ce pays voisin. Les grandes puissances ont condamné sans réserve cet attentat, y compris la France, qui a payé dans un passé récent son tribut au terrorisme islamique et aurait déjoué plusieurs projets imminents. Nous sommes malheureusement bien, ou mal placés pour savoir que la sécurité absolue n’existe pas et l’organisation des JO en sera la pierre de touche.