En chantant…

Je ne suis pas souvent d’accord avec Michel Sardou ces temps-ci, lui qui semble avoir abandonné définitivement le moindre respect humain et se lâcher complètement sur les sujets dits « de société » en laissant s’exprimer librement des opinions toujours plus réactionnaires, mais je dois reconnaître que sa chanson, coécrite avec Pierre Delanoë en 1978 a gardé un parfum de réalité tout à fait d’actualité : « la vie, c’est plus marrant, c’est moins désespérant, en chantant… ». J’en veux pour preuve le succès inattendu d’une petite chanson devenue virale sur You Tube, écrite, interprétée et mise en ligne par un groupe de professeurs de collège, pour interpeller le Premier ministre, Gabriel Attal, sur ses projets concernant l’éducation nationale.

De même que chacun peut prétendre, selon Andy Warhol, connaitre son quart d’heure de célébrité, la reconnaissance d’une idée ou d’un talent est devenue à portée de clic grâce, ou à cause des réseaux sociaux. Les profs du collège de Montoir de Bretagne, près de Saint-Nazaire, n’escomptaient pas plus de quelques centaines de visionnages de leur clip publié sous le pseudonyme de « groupe De Nivo ». Ils en sont à 20 000 vues en dix jours, et ce n’est qu’un début, du fait du bouche-à-oreille moderne véhiculé par Internet. C’est surtout le support du clip vidéo, notamment sur Tik Tok, la plateforme chinoise qui peut se mettre aussi au service du pire, qui a permis à toute une génération de populariser ses idées, parfois futiles, parfois sérieuses. C’est dans ce format qu’une autre vidéo, tournée récemment dans un lycée à Sevran, tourne en boucle et dépasse déjà les 2 millions de vues pour dénoncer les conditions inacceptables dans lesquelles les jeunes sont supposés étudier. La force des images, avec les plafonds et les murs qui tombent littéralement en pièces, les rongeurs et les nuisibles qui prolifèrent, ainsi que le poids des mots prononcés par les élèves, sont plus efficaces et inquiètent plus les autorités que les mouvements revendicatifs, pourtant engagés par ailleurs.

Dans un autre domaine, un autre exemple de la puissance des moyens modernes de communication. Un groupe de musique brestois a eu la surprise de voir une de ses chansons, exhumée 18 ans après son enregistrement, grâce à une internaute de 17 ans, charmée par la mélodie et qui a décidé de lui donner une nouvelle chance. Allez savoir pourquoi, le morceau redécouvert à cette occasion connait un certain succès, et pourrait relancer la carrière de ces repêchés des oubliettes de l’histoire. Je ne peux malheureusement pas vous donner leurs références exactes, n’ayant entendu qu’un bref écho de leurs prestations, néanmoins suffisant pour supporter la comparaison avec des artistes plus côtés. Suivez mon regard.