Respect

Oui, respect, Madame Catherine Ringer, pour votre interprétation très personnelle de la Marseillaise revisitée à l’occasion de la cérémonie publique célébrant l’inscription de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. Non seulement vous avez réussi à féminiser discrètement, mais fermement, notre hymne national en y introduisant les citoyennes au même titre que leurs homologues masculins, mais vous l’avez fait avec panache et sobriété. Vous avez su éviter le piège de la récupération politique en refusant de vous afficher au côté du chef de l’état, limitant au strict nécessaire votre échange après votre prestation en effectuant une sortie royale que d’aucuns ont assimilé à un « vent » ou à un « râteau », là où tant de courtisans se bousculent pour immortaliser leur instant de célébrité.

J’ai déjà eu l’occasion de fustiger l’attitude de nombreux responsables politiques, tous plus féministes les uns que les autres si on les écoute, miraculeusement convertis à la cause des femmes, dans un unanimisme suspect. Je voudrais saluer ici le courage insensé du ministre de la Justice, Maître Dupont-Moretti, qui n’a jamais autant mérité le sous-titre de sa fonction, celui de Garde des Sceaux, en prenant le risque d’apposer lui-même le sceau de la Constitution sur le texte de la loi. Au péril de ses mains, il n’a pas hésité à tourner le volant de la presse montée à cette occasion afin d’immortaliser symboliquement cet évènement, qui, de surcroît, a permis de faire de jolies photos. Un bien beau geste, en effet, comme on aimerait en voir plus souvent, et qui a fourni l’occasion à l’actuelle ministre de la Culture, Rachida Dati, de rappeler que dans une autre vie, quand elle était ministre de la Justice elle aussi, mais pour une autre majorité, elle a inscrit une loi dans le « marbre » de la Constitution. Toute tentative de se faire mousser ne serait évidemment pas une simple coïncidence.

Mais ne gâchons pas la fête. Il est une deuxième raison d’invoquer le respect à propos de l’attitude digne de Catherine Ringer, et c’est en hommage à l’hymne féministe immortalisé par Aretha Franklin, qui, en épelant les lettres du mot, R E S P E C T, en a fait un tube planétaire en 1967. Comme la diva de la soul, seule depuis quelques années, ou avec Fred Chichin, son compagnon, au sein des Rita Mitsouko, Catherine Ringer a su transcender tout ce qu’elle a touché, y compris des chansonnettes comme « le petit train ». À mon humble avis, elle serait un bien meilleur choix que d’autres artistes pressentis pour la cérémonie d’ouverture des JO, elle qui, comme Piaf, peut tout chanter, même sans micro et a capella. Respect, Madame !

Commentaires  

#1 Jacotte86 09-03-2024 13:00
Ça s'appelle la classe!!!
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