La chasse est ouverte !

La chasse ? Quelle chasse ? Que nous contes-tu là chroniqueur matutinal, toi dont je sais de source sûre que tu n’as de toute ta vie jamais pratiqué cette activité que d’aucuns qualifient d’art cynégétique, quand d’autres la tiennent pour un vestige d’un lointain passé où elle permettait de se procurer de la viande pour le bénéfice d’une seule espèce animale, l’homme. De plus, tu n’es pas sans savoir que les dates d’ouverture et de fermeture de la chasse varient en fonction du département et de la catégorie de gibier concerné. En tout état de cause, nous serions plutôt en train de fermer l’activité de chasse que de l’ouvrir, du moins chez moi.

Alors s’agit-il de plume ou de poil ? De chasse à courre, à cor et à cri ? De quel gibier est-il question : sanglier, chevreuil, renard, lièvre ou lapin de garenne, ou bien tout bonnement de ces faisans fraîchement relâchés pour le plaisir discutable de tirer des animaux totalement désorientés que l’on pourrait capturer à la main ? Tu n’y es pas, chroniqueur de mauvaise foi. Ce gibier est présent toute l’année, il n’a pas plus de chance d’échapper à son sort que les oiseaux victimes des pièges à la glu dans les rares endroits où ce mode de chasse est encore autorisé, et c’est le chômeur indemnisé. La précision est d’importance. Les travailleurs sans emploi sont aussi une plaie, bien sûr, mais tant qu’ils ne coûtent rien à la collectivité, on peut supporter leur présence, du moment qu’on peut les faire disparaître des statistiques. Contre le chômage, on a tout essayé, avait imprudemment déclaré François Mitterrand en 1993, attribuant la persistance du chômage à une sorte de fatalité, une vision résignée de l’organisation de la société inhérente au capitalisme, que l’on ne pouvait corriger qu’à la marge.

Tous les gouvernements se sont depuis cassé les dents sur ce constat, et Gabriel Attal ne fait pas exception à la règle. Il a annoncé son intention de parvenir au plein emploi, en assumant par avance des décisions à la fois impopulaires et douloureuses, alors que le plan de la précédente première ministre n’est en place que depuis un an et qu’il est impossible de juger de son efficacité. Le levier choisi par le gouvernement c’est de faire en sorte qu’il soit plus attractif et rémunérateur de travailler, même dans un emploi précaire, mal payé et mal considéré, que de pointer au chômage. Et l’idée de génie, c’est de baisser l’indemnisation faute de pouvoir augmenter les salaires, à part le SMIC qui est intouchable. Par ailleurs, la notion de plein emploi, toujours élastique depuis son origine, peut être remontée à un taux de chômage supposé incompressible proche de 10 % de la population active. Le prix à payer sera supporté par les chômeurs eux-mêmes et les retraités. Ça tombe bien, ce sont eux qui ont le temps d’aller à la chasse.

Commentaires  

#1 jacotte 86 02-03-2024 11:16
oui, mais ils n'ont pas les moyens de payer un permis et si ils avaient ceux d'acheter un fusil, je sais bien ce que je ferai à leur place
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