Un punk à l’Élysée ?

Mais que s’est-il passé ? Après avoir défié ouvertement l’agresseur russe de l’Ukraine en le menaçant d’une intervention directe sur le terrain, voilà que le président français exprime son indignation devant l’attitude d’Israël dans la bande de Gaza, où des soldats auraient ouvert le feu sur des civils au cours d’une opération humanitaire de distribution de vivres à la population. Ne croyez pas qu’Emmanuel Macron ait réagi sur un coup de tête, il a mûrement réfléchi avant de lâcher cette petite bombe dans le jardin de son collègue Benyamin Nétanyahou au matin du 147e jour de guerre déclarée par l’état hébreu au Hamas après la tuerie du 7 octobre dernier.

Pour être honnête, cette déclaration fait suite à la mise en garde effectuée dimanche dernier au cours de son interview donnée au journal L’humanité, lorsqu’il déclarait qu’une démocratie ne pouvait pas répondre au terrorisme en s’en prenant à la population civile, faisant allusion à la menace toujours d’actualité d’une occupation de la ville de Rafah, dernier bastion du Hamas pour les Israéliens, et qui deviendrait ainsi une nouvelle ville martyre pour les Palestiniens. La stratégie de l’armée israélienne a consisté à chasser les populations du nord vers le sud en bombardant massivement les villes pour raser les lignes de défense adverse, et les civils avec elles. Rien que cette déportation de fait devra être mise au débit du gouvernement israélien actuel. Les bombardements ont causé directement la mort de 25 à 30 000 personnes, parmi lesquelles de nombreux enfants et femmes non-belligérants. La concentration de 1,4 million de réfugiés sur un territoire exigu, dépourvu de ressources de toutes sortes, notamment sanitaires, entraînera nécessairement une catastrophe humanitaire chez ceux qui n’ont plus aucune échappatoire. Et voilà que même les secours largement insuffisants largués par les ONG sont l’enjeu de désordres insupportables, exacerbant la lutte pour la vie à laquelle sont réduits les réfugiés sur leurs propres terres.

Et donc, trop, c’est trop. Emmanuel Macron s’exprime désormais comme un vulgaire gauchiste. Pour un peu, il prendrait la tête de l’opposition, rejoignant ainsi ceux qu’il critiquait vertement pour leur supposée mollesse à l’égard des terroristes. Sa détermination est sans failles. Il réclame « vérité et justice » ainsi qu’une enquête indépendante sur les circonstances qui ont conduit à la mort d’une centaine de civils palestiniens dans la bande de Gaza. Il est passé d’un appel très modéré à la « retenue » vis-à-vis des représailles « légitimes » à la suite de l’attaque du 7 octobre, à la menace la plus ferme, celle de la reconnaissance unilatérale d’un état palestinien, avec lequel Israël devrait bien un jour ou l’autre négocier. Si Emmanuel Macron était président des États-Unis, cette parole aurait peut-être une chance d’être prise au sérieux par les dirigeants israéliens, mais il n’en est rien, et une trêve sera déjà difficile à obtenir.

Commentaires  

#1 jacotte 86 01-03-2024 11:10
ne serait-ce pas l'illustration de la fable "la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf"? ça va finir par se voir ...
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