Bon anniversaire !

À qui, me demanderez-vous avec l’esprit d’à-propos qui vous caractérise ? Mais à tous ceux qui ont été obligés de patienter quatre longues années pour qu’enfin on le leur souhaite, parce qu’ils ont eu la malchance de naître un 29 février, qui ne revient que lors des années bissextiles. Parmi ces infortunés figurait un certain Georges Colomb, mieux connu sous le pseudonyme de Christophe, un auteur de bandes dessinées qui avait créé le personnage du Sapeur Camember, né lui aussi un 29 février, repris par la suite par la Confrérie du Sapeur Camember, et qui publie tous les 4 ans un journal satirique, « la bougie du Sapeur » depuis 1980.

C’est donc le 12e numéro qui est actuellement en vente depuis hier dans tous les bons kiosques au prix modique de 4,90 euros. Vous le reconnaitrez facilement grâce à son logo représentant le fameux sapeur en grand uniforme et à sa promesse en bandeau : « on va tous devenir intelligents ». Attention ! ne vous laissez pas refiler le numéro d’il y a quatre ans, très bon lui aussi, mais dont les nouvelles étaient moins fraîches puisqu’il y figurait un entretien exclusif accordé au journal par Thierry Le Luron, pourtant décédé depuis 1986. Comme un de ses concurrents à la parution plus fréquente, le périodique revendique sa qualité assumée d’être bête, mais jamais méchant. Il n’a pas d’autre prétention que de faire rire ou sourire ses lecteurs, nostalgiques de l’Almanach Vermot. En achetant le numéro en cours, vous ferez une double bonne action. Vous vous ferez du bien, à un prix raisonnable si l’on considère qu’un rire vaut bien un steak et qu’il pollue moins, et vous permettrez de perpétuer une tradition qui, si elle ne nourrit pas son homme (les rédacteurs ne sont pas payés) contribue au budget d’une association caritative locale.

Un peu d’humour dans un monde de brutes ne peut pas faire de mal. Les délais de mise sous presse n’auront pas permis au journal satirique de faire état de la bonne nouvelle du jour. Celle du vote conforme du Sénat du projet de loi sur l’inscription du droit à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution, un texte qui a finalement été accepté tel quel par la droite, divisée sur le sujet jusqu’au dernier moment. Le bon sens a prévalu et Xavier Bertrand a même esquissé un mea culpa pour n’avoir pas pris conscience plus tôt de cette nécessaire évolution. Dont acte. Il restera à valider le processus par un vote solennel à Versailles du Parlement convoqué à cet effet. Un vote constructif tous les quatre ans, c’est déjà mieux que rien après une moisson de textes inutiles au mieux, liberticides, au pire.