Mercato

C’est par cet italianisme signifiant marché que l’on désigne habituellement la période des transferts des joueurs de football entre les clubs, qui donne lieu à d’intenses tractations et mobilise des sommes considérables. Le mercato se déroule principalement entre deux saisons, et dans une moindre mesure à la mi-saison, pendant le mois de janvier dans l’hémisphère nord. Par extension, on a pris l’habitude de reprendre ce terme pour qualifier les changements de chaîne ou de station dans l’audiovisuel, mais le concept est encore plus adapté à la période électorale, qui voit une forte activité dans les appartenances et les soutiens politiques.

La saison a démarré très fort avec les débauchages dans les rangs du Rassemblement national, où beaucoup de personnalités connues ont rejoint le camp d’un nouveau venu, dont la clientèle n’est pas très éloignée du parti de Marine Le Pen, Éric Zemmour. Le clan du polémiste distille les noms des transfuges au compte-goutte, pour entretenir l’idée d’un exode continu des soutiens de sa rivale. Plus récemment, ce sont les Républicains qui font l’objet d’une sorte d’OPA hostile, avec l’annonce du ralliement de certaines figures du parti qui déclarent soutenir le président sortant plutôt que Valérie Pécresse, pourtant désignée par leur propre parti pour porter leurs couleurs. Et la République en marche ne compte pas en rester là et s’apprête à révéler les noms de leurs « prises de guerre » sur les restes du Parti socialiste, qu’ils espèrent ainsi achever de dépecer. Vous me direz, c’est de bonne guerre, et cela est aussi vieux que la politique elle-même. Macron, qui retarde l’annonce de sa candidature autant qu’il est possible, espère bien faire « le coup de l’année », peut-être même le transfert le plus cher dans les annales comme celui de Neymar en 2017, en obtenant le soutien de l’ancien président Sarkozy, qui se fait désirer avec des pudeurs de nymphette, faisant des risettes à Valérie Pécresse par devant et en disant pis que pendre en sous-main.

Un tel trophée aurait un coût, naturellement, encore plus élevé nécessairement que celui du ralliement d’Éric Woerth, lui aussi englué dans des affaires politico-judiciaires, pourtant rien n’est trop beau pour s’assurer les services d’un acteur certes vieillissant, mais toujours prestigieux dans sa famille politique recomposée. En contrepartie, tous ces mouvements intéressés, ces infidélités monnayées, cette absence de fidélité à ses propres engagements, contribuent à détériorer encore plus, si c’est possible, l’image d’une classe politique déconsidérée. Je suis certainement ultra-démodé en escomptant du personnel politique un minimum de fidélité à des principes. Sans même aller, comme le chantait tonton Georges, jusqu’à leur demander de mourir pour des idées, au moins pourraient-ils en choisir une ou deux et s’y tenir. Comment, sinon réenchanter la politique, au moins réhabiliter la démocratie et inciter les gens à aller voter, en ne leur proposant que des mercenaires, qui se vendent au plus offrant, et changent d’écurie comme de chemise ?

Commentaires  

#1 jacotte86 12-02-2022 11:46
ceux qui ont entendu ce matin François Bayrou auront eu un exemple de la langue de bois, pour garder intact sa place macronienne... pour le pouvoir bcp sont prête a à lécher la moquuette, alors les idées? on s'en fout
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