L’arrogance du luxe

Les Kretz, ils sont cinq, les parents et les trois fils, qui ont créé « l’Agence », qui vise à fournir à une clientèle très très riche le bien immobilier qu’ils convoitent. Ambitieux, s’appuyant sur leur force d’une structure familiale, leur objectif c’est de développer le plus possible leur société. Pragmatiques, intelligents, avec l’accord de certains de leurs clients pour la présence de caméras, ils sont les stars d’une fiction du réel, ou d’un docu réalité, entraînant un public un peu voyeur, à la fois subjugué, révolté, et écœuré sans doute comme je l’ai été moi-même, devant l’étalage inconvenant de tant de propriétés luxueuses (dont les prix s’étendent de 2 millions à 10 millions voire plus, 80 millions par exemple pour un hôtel particulier en plein centre de Paris), qui soulèvent quand même parfois les critiques des acheteurs !

On croit rêver, pas assez de salles de bains, la piscine on ne peut pas faire de longueurs, trop d’escaliers à monter, pas assez de lumière, j’en passe… la présence d’une salle de cinéma, d’une salle de bal ou d’une discothèque ne les étonne pas plus que ça !

Débordant largement la région parisienne, lieu de leurs premières chasses, rien ne les arrête, du lac d’Annecy à Saint-Barthélemy, ils visent l’international, leur clientèle, des stars du showbiz, des sportifs friqués, des PDG de multinationales… Belmondo, Dujardin, Hanouna, Santoro…

À côté d’eux, Stéphane Plaza ferait presque figure d’Abbé Pierre (il est le premier à avoir exploité le créneau télévisuel pour vendre des maisons ou appartements), avec le français moyen pour client, mais tout comme les Kretz qui retirent de juteuses commissions de leurs ventes, Stéphane Plaza a profité de sa notoriété publique et du large marché de l’immobilier, pour créer 570 agences partout en France portant son label et engranger de sérieux profits !

J’ai dit arrogance, j’aurais pu dire aussi cynisme, devant cette famille qui n’a aucun état d’âme à exploiter au grand jour tout ce luxe pour sa propre réussite. Le luxe on sait bien qu’il existe (la presse people nous tient informés de la propriété de 6 millions achetée par Clooney, ou celle de 44 millions achetée par Brad Pitt), mais tout compte fait on préférerait le savoir caché, ne serait-ce que par décence, face à la pénurie de logements sociaux en France, et au 1 700 000 d’inscrits en attente de logement (400 000 à Paris) hébergés au mieux en attendant, dans des hôtels miteux ou des foyers saturés.

La loi SRU qui oblige chaque commune de plus de 15 000 habitants à proposer 20 à 25 % de logements sociaux n’est respectée que par la moitié d’entre elles, préférant payer des astreintes et les amendes !

Sur la place de Paris il y a plus de 10 agences au service de cette clientèle extra riche, française ou étrangère, qui n’a aucun état d’âme à étaler son luxe, pendant ce temps-là, dans un autre monde, à Saint-Nazaire, une jeune érythréenne de 27 ans, enceinte de sept mois, bénéficiant du regroupement familial, dort dehors, faute d’être reçue dans le foyer uniquement masculin où réside son mari !

Laissez-moi rêver, pour dissoudre ma colère, à ce que deviendrait l’humanité, si tous les nantis de la terre voulaient partager, et donner la main aux pauvres !                

L’invitée du dimanche