Mélange des genres

Si la politique est l’art de répondre aux questions que l’on ne vous a pas posées tout en esquivant celles sur lesquelles on ne souhaite pas s’exprimer, Emmanuel Macron fait honneur aux Jésuites de l’école privée la Providence à Amiens où il a reçu une solide éducation religieuse. La conférence de presse qu’il a donnée hier avait pour but officiel de présenter les propositions françaises pendant les 6 mois de présidence tournante en 2022, et il ne devait donc pas être question de politique intérieure, en particulier celles concernant la présidentielle des 10 et 24 avril 2022.

Moyennant quoi, à l’issue d’un long catalogue de mesures envisagées par le président français à l’échelle de l’Europe, il a profité une fois de plus de la tribune pour un plaidoyer « pro domo » en vantant un bilan hors de propos, et en affirmant vouloir travailler « jusqu’au dernier quart d’heure » comme si qui que ce soit lui demandait d’arrêter le cours de l’état. La question n’est pas qu’il s’abstienne de gérer les affaires courantes, comme il feint de le croire, mais qu’il utilise abusivement son statut d’élu pour en tirer avantage en vue d’une réélection éventuelle. Toute la stratégie d’Emmanuel Macron consiste à enjamber l’élection présidentielle, comme s’il s’agissait d’une simple formalité pour mettre en place ses projets, bien éloignés des préoccupations des Français, sans la moindre interruption ni solution de continuité. Car, dit-il, la France sera toujours la France après le 24 avril, mais il sous-entend que l’état, c’est lui.

Rien ne l’aurait d’ailleurs empêché de reporter la présidence française de l’Union européenne de 6 mois pour éviter d’interférer avec les échéances nationales, s’il l’avait souhaité. Il a préféré au contraire cultiver l’ambiguïté pour bénéficier du prestige supposé de la présidence tournante européenne en pleine campagne électorale. D’un point de vue concret, les règles édictées par le CSA lui sont éminemment favorables et il ne compte pas renoncer au moindre des avantages qu’elles lui confèrent. Candidat déclaré ou non, le président peut s’exprimer sur tous les sujets liés à sa fonction sans que ce temps de parole soit décompté. La règle s’étend à ses prises de position comme président du conseil de l’Union européenne. Inutile de vous dire qu’il ne va pas s’en priver. Quant au temps explicitement politique, avec des meetings ou des débats publics, il est assuré de bénéficier du principe dit « d’équité » ou « d’égalité » comme tout autre candidat, et même davantage, au nom d’une rente de situation qui lui vaudrait dans le domaine commercial d’être considérée comme un abus de position dominante et une distorsion de concurrence. Et malgré tout ça, Emmanuel Macron n’est pas assuré de repasser dans un fauteuil dans cette course à handicap, pourtant taillée sur mesure.

Commentaires  

#1 jacotte86 10-12-2021 13:22
dieu vou entend mon frère dieu vou entend
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