Faux-semblants

Une vache n’y retrouverait pas ses petits. Le militant qui a tenté d’empoigner Éric Zemmour à son arrivée au meeting de Villepinte dimanche dernier, ne serait finalement pas un dangereux gauchiste, ni un agent provocateur à la solde du polémiste ou de ses soutiens chargé de mettre le feu aux poudres, mais un sympathisant d’Éric Ciotti, encarté de fraîche date aux Républicains, par ailleurs connu défavorablement des services de police pour des délits de droit commun. À se demander s’il ne dit pas la vérité quand il prétend avoir seulement voulu manifester son soutien au candidat d’extrême droite après la défaite de son poulain au congrès des LR.

Si c’est le cas, ses démonstrations d’amitié semblent quelque peu musclées, mais enfin, qui aime bien châtie bien, tous les bourreaux vous le diront. L’amour vache de ce monsieur aurait entraîné une incapacité temporaire de travail de 9 jours, selon le médecin qui a examiné Éric Zemmour, soit un jour de plus, pile-poil, que la frontière symbolique qui fait passer une infraction sous le coup automatique d’une peine de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Toutefois, la victime présumée devait faire constater les dommages par une unité spécialisée médico-judiciaire de l’hôpital de Bondy, où elle ne s’est toujours pas présentée. D’ailleurs, on peut se féliciter que le candidat ait pu dépasser son incapacité supposée pour prendre la parole sans gêne apparente pendant une bonne heure et demie et ne semble pas avoir modifié son programme pour la semaine à venir malgré cette agression handicapante. Même flou juridique sur les interpellations qui ont eu lieu après les incidents graves et les échauffourées durant le meeting lorsque des militants de SOS racisme ont voulu montrer leur opposition au candidat à l’aide de tee-shirts formant le slogan « non au racisme ».

La police a procédé à une soixantaine d’interpellations et 7 gardes à vue ont été prolongées. Parmi ces 7 dangereux malfaiteurs il y avait 5 militants de SOS racisme, ce qui est quand même un comble, puisque ce sont eux qui ont été violemment tabassés, comme le montrent les images que l’on a pu voir sur toutes les chaînes de télévision. Le parquet leur a d’ailleurs précisé en les relâchant qu’ils pourraient déposer plainte s’ils le souhaitaient. Ce sont ces enregistrements sur lesquels vont travailler les enquêteurs, et selon les spécialistes de ces mouvements d’extrême-droite à l’œuvre dans ces violences, il ne devrait pas être trop difficile d’identifier les fauteurs de trouble. Il restera à démontrer la volonté des autorités de les sanctionner. Dans la foulée, les organisateurs de ce rassemblement pourraient également être poursuivis, dans la mesure où leur impréparation et leur amateurisme ont entraîné des heurts et des dommages physiques et moraux qui auraient pu dégénérer encore plus.