France, mère des armes

France, mère des arts, des armes et des lois. Si Joachim du Bellay nous revenait d’entre les morts, reconnaitrait-il le beau pays de France, son petit Liré qu’il préférait au mont Palatin à Rome, et sa douceur angevine à nulle autre pareille ? Probablement pas. Mais si les arts conservent une place originale dans le monde, avec la « touche française », même si la France n’est plus le seul endroit où il faut être dans le domaine culturel, les lois dont parle le poète peinent à s’imposer. En revanche, le commerce des armes se porte bien, merci.

La France, si elle n’a plus que la 5e économie mondiale en fonction du Produit intérieur brut, pointe à la 3e place des exportateurs d’armes dans le monde, et devrait conforter son classement grâce au contrat « historique » qui vient d’être signé avec les Émirats arabes unis pour la vente de 80 Rafale, l’avion de combat de Dassault Aviation et de 12 Caracal, l’hélicoptère militaire, pour un montant astronomique de 17 milliards d’euros. De quoi faire oublier les déconvenues précédentes avec l’annulation du contrat de sous-marins destinés à l’Australie. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, la France a fait le choix de développer son industrie de l’armement en espérant financer son équipement national par les excédents des ventes d’armes. Outre qu’il n’est pas toujours facile de damer le pion à la concurrence, nous nous sommes mis dans la main de nos clients, dont l’argent nous est devenu indispensable, non seulement pour équiper notre armée, toujours engagée sur quelques théâtres d’opérations pour le plus grand prestige des dirigeants successifs, pensent-ils, mais aussi pour essayer de viser un commerce extérieur excédentaire. Impossible donc de faire la fine bouche sur les destinataires de nos ventes.

C’est pour cette raison qu’Emmanuel Macron est contraint d’aller faire des ronds de jambe auprès de MBS, Mohammed Ben Salmane, prince héritier d’Arabie saoudite, persona non grata depuis son rôle dans l’assassinat du journaliste opposant au régime, Jamal Khashoggi, au consulat d’Istamboul il y a 3 ans. Une rencontre qui rappelle de mauvais souvenirs, quand, en 2007, Nicolas Sarkozy accueillait en grande pompe le dictateur libyen, Mouammar Kadhafi, qui avait prévu d’acheter des avions et des hélicoptères français avant d’annuler la commande. La France s’était déshonorée pour rien. Une mésaventure dont nous ne sommes pas à l’abri, avec nos douteux partenaires. Si la vente aboutit, elle permettra aux régimes autoritaires du golfe persique de poursuivre leurs opérations de guerre dans la région, notamment au Yémen, où malgré leur supériorité militaire, ils peinent à mater la révolte d’une partie importante de la population. La patrie des droits de l’homme qui prête la main à la répression et la pérennité de régimes contestables est une image que l’on préfèrerait ne pas voir. Prétendre servir la paix dans cette partie du monde en vendant des armes officiellement ou officieusement aux différents belligérants est une insulte au simple bon sens.

Commentaires  

#2 jacotte86 04-12-2021 14:02
correction Macron qui a si souvent perdu son âme ......
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#1 jacotte86 04-12-2021 14:01
c'est une insulte faite à tous le français...pour manger avec le diable ui a déja souvent venduson ame avait il une cuillere à long manche? j'ai honte pour lui
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