Cabotage

Cette forme de navigation « à vue », qui désigne une activité nautique consistant à se déplacer de cap en cap, faute de disposer d’une carte complète et des instruments permettant de s’éloigner des côtes sans risque de se perdre, me paraît très adaptée à la politique gouvernementale devant la pandémie du covid-19. Il y a encore quelques jours ou quelques semaines, le vent était à l’optimisme. Notre avance vaccinale par rapport à certains des pays voisins nous faisait espérer, sinon pouvoir passer entre les gouttes, du moins éviter le plus fort des conséquences prévisibles de ce satané virus.

Et puis le vent a tourné, et le gouvernement, qui n’avait rien vu venir, s’est trouvé contraint, du jour au lendemain, à relancer une campagne de vaccination massive en l’étendant à l’ensemble de la population au-dessus de 18 ans. En annonçant le renforcement du pass sanitaire, le Président de la République a bien réussi à faire peur et à inciter la plupart des gens à demander leur 3e dose, ce qui, en soi, est certainement souhaitable. Il n’a oublié qu’un léger détail. Les centres de vaccination qui avaient fermé et l’acheminement des doses vers les lieux d’administration. D’où une saturation des plateformes telles que doctolib, où il faut plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous. Alors que les autorités ont dramatisé à souhait l’émergence du nouveau mutant, Omicron, avant même que les études soient menées sur sa dangerosité exacte. On est en droit de se demander s’il y a vraiment un capitaine dans le bateau, et quelle est sa capacité à anticiper les aléas de la navigation.

Il en va de même pour les tests. Leur déremboursement destiné à booster la vaccination en tapant au portemonnaie, selon une expression élégante, avait conduit à limiter la demande. La voilà repartie en flèche avec les nouvelles dispositions sur les fermetures de classe en primaire et en maternelle. Mais le ministre concerné n’en est pas à une incohérence près. Dans cette navigation erratique, où l’on a le sentiment de ne plus savoir du tout quel est le meilleur itinéraire, il n’existe en réalité qu’une seule boussole, et c’est l’élection présidentielle. Au moment où beaucoup de pays envisagent la vaccination des enfants de 5 à 12 ans, peu symptomatiques, mais vecteurs de la transmission, et où certains se prononcent pour une obligation vaccinale, le président probable candidat étudie les impacts de chaque mesure afin de ne fâcher qu’un minimum d’électeurs. Mais, à vrai dire, il me semble plus expert en cabotinage, qu’il pratique avec assiduité depuis que certains ont commis l’erreur de lui confier la direction du navire France, que du cabotage, plus risqué qu’il n’y paraît, où l’on peut être rapidement drossé à la côte en cas de fausse manœuvre.

Commentaires  

#1 jacotte86 02-12-2021 10:59
c'était trop beau pour que ça dure!
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