Enough is enough

… et trop c’est trop. Cette fois, la coupe est pleine, et si je ne suis pas toujours d’accord, loin de là, avec les réactions d’Emmanuel Macron, sa réponse à la nouvelle provocation de Boris Johnson, non seulement ne m’est pas apparue comme exagérée, mais elle me parait petit bras. Rappelons les faits. Le Premier ministre britannique a demandé à la France de reprendre « ses migrants » arrivant en Grande-Bretagne, dénonçant unilatéralement les modalités d’un accord de 2003 signé entre la France et le Royaume-Uni et révisé à de nombreuses reprises, par lequel la frontière physique entre les deux pays se trouve « délocalisée » sur le territoire français.

En pratique, toute la charge de la gestion des flux migratoires pèse sur la France, malgré une participation symbolique de l’Angleterre, qu’elle ne paye d’ailleurs pas. Il me semble qu’en l’absence d’accord satisfaisant entre les pays concernés, il ne serait pas illogique de revenir à une situation antérieure en laissant les Britanniques se débrouiller avec les migrants qui parviendraient à se rendre chez eux, afin qu’ils fassent eux-mêmes le travail puisque l’opinion publique anglaise, bien chauffée par les discours des dirigeants, estime qu’il est mal ou pas fait. Leur politique d’accueil n’est d’ailleurs pas mauvaise envers ceux qui franchissent les obstacles du parcours du combattant, et nous pourrions nous en inspirer. Ce n’est pas par hasard ou par erreur que les candidats à l’immigration ne font que traverser notre pays et rêvent d’accéder à l’eldorado anglais, où l’espoir de s’acclimater et la chance de trouver un travail même sans papiers ne sont pas de vains mots. Que Boris Johnson aille au bout de la logique de ses prédécesseurs, et qu’il accueille la plus grande partie de ces migrants, à la manière d’Angela Merkel en son temps.

Il n’est pas besoin d’être grand clerc, ni fin analyste des évènements récents pour comprendre que BoJo, en difficulté par rapport à la situation économique et sanitaire cherche systématiquement à « se refaire la cerise » en dénigrant son plus proche voisin, la France. Il veut démontrer à tout prix que le Brexit est une excellente affaire pour les ressortissants britanniques, contre toute évidence. Mais après la crise irlandaise, le conflit de la pêche qui n’est toujours pas réglé, volontairement, pour empoisonner un peu plus les relations Franco-anglaises, la participation anglaise à l’alliance avec les États-Unis et l’Australie pour torpiller la commande du siècle de sous-marins français, la forme insultante de faire des déclarations belliqueuses par l’intermédiaire d’un simple tweet, ne doit rien au hasard et s’apparente à l’affaire de la dépêche d’Ems qui a servi de détonateur à la guerre de 1870 entre la Prusse et la France. Sans aller jusqu’à cette extrémité, une réponse plus ferme que d’annuler la participation de la ministre de l’intérieur britannique à la conférence demandée par la France serait indispensable.