Comme au bon vieux temps

Par un « hasard » du calendrier qui ne relève en rien de la coïncidence, le président de la République en exercice s’est adressé aux Français le jour même de l’anniversaire de la mort du fondateur de la 5e république. Charles de Gaulle avait pour habitude de convoquer la presse à intervalles réguliers pour exposer ses projets au cours de « grand-messes » retransmises à la télévision. Quelques journalistes triés sur le volet étaient autorisés à poser des questions soumises à l’avance au président et soigneusement choisies par lui. L’exercice était convenu et ne souffrait d’aucune exception.

De Gaulle pouvait même se payer le luxe d’ironiser sur les accusations de pouvoir personnel dont il faisait l’objet dans la presse satirique de l’époque : « pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? » lançait-il aux journalistes en mai 1958, après son coup d’État légal pour se faire remettre les clés du pouvoir, qu’il conservera précieusement jusqu’à sa démission en 1969 suite au référendum perdu. Autres temps, autres mœurs. Emmanuel Macron n’a pas besoin de squatter une antenne unique comme aux débuts de la télévision. Le nombre de chaînes a explosé de façon exponentielle, mais le seul moyen d’échapper hier à l’allocution présidentielle était d’utiliser un petit accessoire méconnu de la plupart des Français, la zappette, et en particulier le bouton marche-arrêt, tellement pratique pour éloigner les fâcheux. Ah ! oui, le président a aussi évacué les journalistes, au cas où un impertinent s’amuserait à lui poser une question, même sans aller jusqu’à porter la contradiction.

Comme d’habitude, le président n’a pas eu le temps de faire court. Il y avait tellement de réussites à mettre à son crédit que les interminables 27 minutes de son intervention n’y ont pas suffi. Heureusement qu’il y aura une campagne électorale officielle pour les détailler, le moment venu. Pour l’instant, le temps de propagande n’étant pas décompté, aucune raison de se gêner, ce qui est pris est pris. Vous aurez remarqué que depuis que la décision de prononcer un plaidoyer pro domo du président à la télévision a été annoncée, tous les journalistes, faute de pouvoir interroger Emmanuel Macron se sont livrés au petit jeu des pronostics sur les annonces qu’il était susceptible de faire. De telle sorte qu’aucune véritable surprise ne pouvait se produire qui n’ait déjà été suggérée, le service de presse de l’Élysée se chargeant d’aiguiller les éditorialistes dans la bonne direction. Je propose que pour la prochaine édition de la mascarade présidentielle, on varie un peu les plaisirs. Au lieu de se contenter de jouer aux devinettes, pourquoi ne pas passer aux charades, voire aux rébus pour les dessinateurs de presse ? Le temps de parole présidentiel paraîtrait peut-être moins long.

Commentaires  

#1 Jacotte 86 10-11-2021 13:48
Combien d'auditeurs ont-ils ete dupes de cette annonce de candidature même pas masquée ?
Il est quand même culotté de contourner ainsi le temps de parole des candidats plus sue jamais c'est monsieur Jupiter...
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