Nécessité fait loi

C’est une vieille blague qui s’appuie sur la légendaire pingrerie attribuée aux Écossais, et qui marche aussi pour les Auvergnats ou tous ceux que vous voudriez dénigrer. C’est donc un chef de clan qui a invité le ban et l’arrière-ban de la famille dans son manoir. Après leur avoir infligé un discours de bienvenue interminable, il conclut sa péroraison en annonçant : « à présent, passons aux rafraîchissements. James, veuillez ouvrir les fenêtres en grand ! »

La rentrée scolaire approche et le ministre a détaillé les mesures prévues pour faire face à une éventuelle et probable montée des cas de Covid. Il faudra toujours fermer les classes en primaire pendant 7 jours dès le premier cas constaté. Par contre au collège et au lycée, les élèves vaccinés seront autorisés à rester en présentiel tandis que les autres devront s’isoler et suivre la scolarité à distance. Là aussi, il s’agit d’inciter très fortement les 12-17 ans à se faire vacciner, la moitié d’entre eux ont déjà reçu au moins une première dose. Or, il y a une mesure réclamée depuis le début par les syndicats enseignants et certaines fédérations de parents d’élèves, qui consisterait à équiper les classes de purificateurs d’air pour sécuriser au maximum ces lieux d’échange, en plus du masque déjà obligatoire. Devant la patate chaude que représenterait le coût d’un tel équipement dont on ne sait pas qui devrait le financer, l’état ou les collectivités locales, le ministre a une nouvelle fois botté en touche en prônant une aération « renforcée », comprenez l’ouverture régulière des portes et des fenêtres, ce qui va sûrement être très confortable pour les élèves au cas où il ferait froid cet hiver, ce qui n’est pas totalement exclu malgré le dérèglement climatique.

On est très clairement dans le cadre évoqué par Coluche pour d’autres raisons où il indiquait aux nécessiteux : « écrivez-nous pour nous dire ce dont vous avez besoin, on vous répondra pour vous expliquer comment vous en passer ». On voit bien que s’il n’y a pas de lobby suffisamment puissant pour pousser à la consommation, il n’y a plus de « quoi qu’il en coûte » qui vaille. Les sommes en jeu seraient colossales à raison de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’euros pièce, pour équiper les 60 000 établissements français. Les classes primaires et maternelles sont déjà plus de 250 000 dans le seul enseignement public. À défaut de purificateurs, on pourrait au moins installer des détecteurs de CO2 qui permettraient de mesurer le degré de saturation de l’air par la respiration, qui fournit un indicateur de la nécessité de renouveler l’air respiré. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour espérer que le rebond épidémique prévisible cet automne et cet hiver ne sera pas trop important, en attendant une généralisation de la vaccination, incluant probablement les enfants d’âge primaire, si les études sont concluantes.