Cinq millions d’amis

Mes nouveaux « amis », ce sont les chasseurs, qui ont fait apposer sur des itinéraires de promenade pédestre des panonceaux dans lesquels ils s’adressent à leurs « amis randonneurs », donc à moi également, bien que je ne compte guère de relations pratiquant le noble art cynégétique. En substance, il y est dit que les promeneurs, notamment ceux du dimanche, pratiquent leur activité à leurs risques et périls, et qu’il leur est vivement recommandé de tenir leurs chiens en laisse, dans leur propre intérêt. On ne saurait être plus attentionné, et je ne peux que les remercier de leur sollicitude.

Si l’on est un peu pinailleur, on pourrait y voir une manière de se dégager de toute responsabilité en cas de malheur, car on ne pourra pas dire que l’on n’a pas été prévenu. Sans le dire explicitement, on comprend que les auteurs de cet avertissement sans frais préfèreraient ne pas partager du tout l’espace naturel dans lequel ils exercent leur activité. Une des premières mesures prises par Emmanuel Macron après son élection a été de réduire de moitié le prix du permis de chasse national, et l’on comprend pourquoi. Il n’y a « que » 1,2 million de permis valides chaque année, mais il y aurait 5 millions de porteurs de permis en tout. Si l’on additionne pêcheurs et chasseurs à jour de leur licence, on obtient un total supérieur aux pratiquants du football, qui reste le sport le plus populaire. D’un autre côté, la Fédération française de randonnée pédestre revendique cinq millions et demi de licenciés et l’on estime à 16 millions le nombre de Français qui pratiquent plus ou moins régulièrement la promenade ou la randonnée.

Les chances de voir ces deux populations se rencontrer sont donc relativement importantes, et la possession d’un permis ne devrait donner aucune préséance des uns par rapport aux autres. En particulier, les règles de prudence devraient être absolues pour éviter qu’il ait encore plus d’une centaine de victimes d’accidents de chasse par an, dont une dizaine sont mortels. La pratique de la chasse ne peut plus guère se défendre sur le plan moral ni pratique, car les espèces « nuisibles » sont contrôlées. Cela n’a pas de sens de réimplanter des sangliers pour ensuite déplorer les dégâts causés aux cultures et organiser des battues. Pas plus que d’élever des faisans pour les lâcher ensuite dans un milieu où ils sont incapables de survivre plus de quelques heures pour être enfin tirés sans gloire ni mérite. Autant tirer sur des cibles, dans ce cas. N’oublions pas non plus un dommage collatéral non négligeable de la pérennisation de la chasse sous la forme de la présence dans la France rurale d’un nombre considérable d’armes à feu, que l’on retrouvera à l’occasion dans des drames familiaux ou des conflits de voisinage. Cet aspect du moins pourrait être mieux réglementé.

Commentaires  

#1 Josette 07-08-2021 20:42
Pourquoi notre cher président qui a cité "les Amiches" il n'y a pas si longtemps ne traite pas le lobby des chasseurs sur le même ton,alors que la pratique de la chasse, dans notre petit pays, devrait être encadrée par des règles revues et corrigées, pour tenir compte des particularités des différents territoires. On sait pourquoi......
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