Tour de passe-passe

Et voilà ! le Conseil constitutionnel a validé les principales dispositions de la loi sanitaire votée au pas de charge au parlement et qui pourra donc rentrer en application dès lundi prochain, malgré l’opposition d’une fraction non négligeable de l’opinion. Je dois reconnaître que comme la plupart des gens, je n’ai rien vu venir. On m’a vendu un pass sanitaire bienveillant, qui permettrait une plus grande liberté et de retrouver l’accès aux évènements culturels, aux voyages, etc. et je me retrouve avec un laissez-passer contraignant, rendu obligatoire de façon hypocrite et qui permettrait même de licencier ceux qui en seraient dépourvus.

À titre personnel, je ne suis pas concerné par les restrictions annoncées. J’ai reçu mes deux injections réglementaires, et je suis prêt à faire un rappel si cela me protège encore mieux, ainsi que mes proches, de faire une forme grave de la maladie. Je suis donc titulaire du fameux passe, et favorable à une vaccination généralisée, qui est, pour l’instant, le meilleur et même le seul moyen de sortir de l’épidémie. Les enquêtes d’opinion démontrent d’ailleurs qu’il y a à peu près le même pourcentage de personnes favorables à la vaccination que favorables au pass sanitaire. Ce qui est assez logique. Cependant, on peut être vacciné et hostile à la façon dont le gouvernement a prévu la mise en place des dispositions rendant la vaccination quasi obligatoire, sans avoir le courage d’assumer jusqu’au bout une logique autoritaire. On est passé insidieusement de l’incitation, de la stratégie de la carotte en promettant des avantages aux titulaires du sésame vaccinal, à la menace de sanctions y compris très lourdes allant jusqu’à la mise à pied des salariés récalcitrants, un gros bâton, donc. Et ceci en l’espace de quelques jours ou de quelques semaines.

Contrairement à d’autres, je n’invoquerai pas un déni de démocratie, car les formes ont été respectées, mais plutôt un tour d’illusionniste, visant à faire prendre au bon peuple des vessies pour des lanternes. Pendant que le public s’intéresse aux différentes tenues vestimentaires de l’épidémiologiste en chef qui nous gouverne depuis son palais d’été, tout en amusant la galerie, il prépare sa réélection en peaufinant son image de père de la nation, sévère, mais juste, et sympa avec les jeunes. Il y a quand même une catégorie de ses administrés qui s’estiment floués et l’on ne peut pas leur donner tort. Ce sont les soldats de première ligne, soignants, pompiers, enseignants que l’on a porté aux nues un temps sans leur accorder la reconnaissance sonnante et trébuchante, ni la considération et l’amélioration des conditions de travail et qui servent à présent de bouc émissaire parce que certains d’entre eux n’adhèrent pas à la vaccination. Au lieu de les convaincre, il est question de les exclure, au risque de bloquer une machine déjà mal en point. Drôle de façon de les remercier.