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Faut payer le sel !

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Catégorie : Diabloguiste

Publié le mardi 3 août 2021 11:16

Écrit par Claude Séné

On dit parfois de certaines personnes qu’elles frisent la correctionnelle, mais quand il s’agit de ministres, il faut reconnaître que cela fait mauvais genre. Ce sont pas moins de 3 ministres en exercice qui font l’objet d’observations de la part de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique pour des déclarations de patrimoine incomplètes ou mensongères. Dans le cas d’Éric Dupont-Moretti, ministre de la Justice, et de Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, au bénéfice du doute, la Haute autorité a fait preuve d’indulgence en ne transmettant pas le dossier à la justice.

Ce qui n’est pas le cas d’Alain Griset, ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, qui est convoqué devant le tribunal correctionnel le 22 septembre prochain pour s’expliquer sur une somme de 171 000 euros qu’il a omis de déclarer et dont l’origine pourrait être frauduleuse. En effet, si Alain Griset n’a pas mentionné son plan d’épargne en action dans sa déclaration, c’est peut-être pour dissimuler le fait que ce compte avait reçu un abondement substantiel de la part de la Confédération nationale de l’artisanat des métiers et des services du Nord, dont il était le Président. Il aurait ainsi fait gagner 19 200 euros à l’association, qu’il aurait reversés scrupuleusement à son entrée au gouvernement. Pour vous et moi, il s’agit de sommes importantes, mais pour Monsieur Griset, cela ne représente visiblement que de l’argent de poche. Dans sa déclaration, on note avec intérêt qu’il laisse traîner environ 300 000 euros sur deux comptes courants. Une belle réussite sociale pour un artisan-chauffeur de taxi, mais qui ne nous regarde pas tant que son argent a été gagné légalement.

Seuls les plus âgés se rappelleront le sketch de Fernand Raynaud mettant en scène un « pauvre paysan » peinant à faire le compte de son patrimoine, à coups de millions par ci et de millions par là, engrangés à grand-peine par des cultures et de l’élevage qui ne « payent plus » alors que ça eût payé. Il repousse par avance les arguments des citadins : « vous, les paysans, vous payez pas votre pain, votre lait, votre beurre, votre fromage, vos volailles, votre viande… oh ! oh ! oh ! ... Faut payer le sel ! » On a l’impression que pour beaucoup de politiques, l’argent est devenu purement symbolique. La plupart ne possèdent pas de moyens de paiement du quotidien, ignorant évidemment le prix d’une baguette ou d’un ticket de métro, sur lequel se font piéger régulièrement les candidats à des élections. Alors le mélange des genres, et des caisses, auquel semble s’être livré le ministre ne lui parait pas très grave. Il se dit serein et persuadé que le Premier ministre et le président lui renouvelleront leur confiance. C’est malheureusement possible.

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