L’écologie selon Manu

Il aura fallu que le président se déplace aux antipodes pour prendre quelques jours de congé avant ses vacances pour apprendre la bonne nouvelle, que dis-je, avoir LA révélation de la chance dont bénéficie notre pays, sans que j’en aie eu la moindre idée jusqu’ici. En effet, nos voisins et néanmoins amis allemands ont l’habitude d’employer la formule « heureux comme Dieu en France », et nous savons désormais pourquoi. Selon le président Macron, notre bénédiction c’est de disposer d’un parc de centrales nucléaires qui n’émet pas la moindre once de gaz à effet de serre.

C’est un fait. Incontestable. Il semble cependant avoir échappé à la sagacité présidentielle qu’en dehors du CO2, le nucléaire présente quelques inconvénients secondaires tels que la fusion éventuelle d’un réacteur comme à Three Mile Island, l’explosion d’un autre à Tchernobyl, ou les rejets massifs de particules radioactives dans l’environnement comme à Fukushima à la suite du tsunami en 2011. Ces broutilles sont apparemment quantités négligeables au regard de la fierté nationale d’afficher un bilan carbone un peu moins catastrophique, permettant de toiser de haut les pays dépendant de l’utilisation des énergies fossiles et de faire la fine bouche sur le développement des énergies renouvelables. Sans oublier l’épineuse question des déchets nucléaires, dont personne ne sait que faire, et que nous accueillons cependant généreusement dans notre usine de retraitement de La Hague, comme si nous n’étions pas suffisamment dans l’embarras comme ça.

Contrairement à Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron n’a pas dit, publiquement ou en privé, que « l’écologie, ça commençait à bien faire », mais il a clairement manifesté que la question de l’environnement ne l’intéressait qu’en termes de potentiel électoral. Si les éoliennes soulèvent des réticences dans un territoire donné, il est prêt à les installer ailleurs, du moment qu’on ne les voit ni les entend pas. Et s’il y a moins de vagues avec le solaire, va pour le photovoltaïque, pourvu que ça rapporte des voix. On ne pourra pas lui reprocher une écologie punitive ni une écologie tout court d’ailleurs, en dehors de quelques déclarations ronflantes comme sur le glyphosate, quitte à se déjuger ensuite au nom d’un réalisme conforme aux souhaits des grands lobbies. Au train où vont les choses, le poste de ministre de l’Environnement sera bientôt aussi honorifique que celui de photographe au Monde, quand le journal ne publiait pas le moindre cliché.

Ce que doit savoir Emmanuel Macron s’il est honnête avec lui-même, c’est que l’avenir du nucléaire est presque aussi sombre que celui du pétrole avec des coûts réels exorbitants entre l’entretien ou le démantèlement des centrales existantes et la mise au point de nouvelles technologies ruineuses telles que les EPR encore très loin d’un seuil de rentabilité. Mais ce déluge et cette catastrophe seront pour ses successeurs, quand il sera retombé dans les oubliettes de l’histoire.

Commentaires  

#1 massé 28-07-2021 11:37
dieu vou entende mon fils(pour les oubliettes)
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