Bossa nova

Alors comme ça, je vous laisse cinq minutes, ou à peine plus, et vous trouvez le moyen de me déclencher une quatrième vague de Covid 19 ? vous n’êtes vraiment pas raisonnables. À votre décharge, il faut bien admettre que l’exemple vient de haut, comme d’habitude, là où l’altitude permet de souffler le froid et le chaud, le royaume du « en même temps », dont le plus clair des résultats semble bel et bien de faire attraper aux Français un chaud et froid dévastateur. C’est précisément au moment de la montée de la recrudescence de l’épidémie que l’état permet la réouverture des boîtes de nuit et autres discothèques.

Je ne saurais trop recommander aux fêtards libérés de sortir couverts, à tous points de vue. De ne pas oublier la « petite laine » pour les petits matins frisquets, de prendre toutes les précautions d’usage et de se faire vacciner, si ce n’est déjà fait, qu’ils soient soignants ou non. Si même le professeur Raoult, invoqué bien souvent par les antivax et autres complotistes patentés, s’est décidé à le conseiller, on peut raisonnablement considérer qu’il y a plus de bienfaits avérés que d’inconvénients hypothétiques à utiliser un des vaccins actuellement sur le marché. J’aurais tendance à dire aux réfractaires et aux sceptiques : « si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour moi ». Un peu à la manière de Pierre Bellemare qui avait lancé une souscription à son profit. Il disait que si chaque Français lui envoyait un franc (oui, c’était quasiment à la préhistoire) cela ne coûterait pas grand-chose à chaque donateur, mais qu’avec les millions ainsi récoltés il pourrait se payer de belles vacances.

Et en plus, la vaccination est gratuite. Quoique là, il y a deux écoles. Les grincheux, qui disent qu’on en a toujours pour son argent, et qui pensent donc que le gratuit ne vaut rien. Et les autres, qui n’ont pas les moyens de se poser ce genre de questions, et qui prennent, tout simplement. Soyez donc malins, l’état Providence si décrié par certains, ne durera pas éternellement. À vrai dire, il se paiera sur la bête, forcément, si ce n’est déjà commencé, alors autant se rembourser un peu par anticipation. Ah, j’oubliais. Pour ceux d’entre vous qui ne seraient pas lusophones (manière pédante de dire familiers de la langue portugaise) je rappelle que Bossa nova signifie « nouvelle vague » et serait apparue pour la première fois en 1957 au Brésil. Cette nouvelle musique est devenue le symbole même du pays, au même titre que la samba. J’ai l’impression que l’oracle présidentiel qui va s’exprimer lundi prochain va nous annoncer qu’il faut s’habituer à vivre avec le Covid, et qu’avant même de chanter tout l’été, il faut déjà danser devant le buffet, dès maintenant.