Catherine Deshayes

Née en 1640 elle est plus connue sous le nom de « la Voisin », du nom de son mari Antoine Monvoisin, mercier bijoutier, sa situation au départ n’est pas misérable.

Au départ accoucheuse, rue Beauregard, elle reçoit chez elle en tant que Chiromancienne ceux qui veulent connaître l’avenir… ou en privé quelques personnes : mari jaloux, amant volage, enfant non désiré, marâtre, ennemis de tous poils ! Elle amasse une jolie fortune, mais pas avec ses prédictions, plutôt avec la vente de ses poisons. Véritable reine des bas-fonds, elle est assistée par une brigade de 100 empoisonneurs, elle sera d’ailleurs un jour dénoncée par 2 de ses assistants qui la dénoncent pour se venger d’être mal rétribués.

Elle vit sur un grand pied, et reçoit des grands de ce monde pour qui elle devient, si besoin est, avorteuse ! Elle avouera avoir enterré, ou brûlé dans son four à distiller, 2500 fœtus !

Sa mise en place de messes noires, assistée par quelques membres du clergé sera encore plus rentable ! Madame de Montespan, mère de six enfants de Louis XIV, fera appel à elle à deux reprises, pour retrouver les grâces du roi, et pour éliminer sa rivale Mademoiselle de Fontanges. Les messes noires se passent avec, sur le ventre nu de la demandante, le versement du sang d’un nourrisson.

À partir de la condamnation de la Brinvilliers, La Reynie, premier lieutenant général de la police, ouvre une enquête et découvre la monstruosité de celle qu’on appellera désormais « la Voisin » et avec cette enquête commencera ce que l’on appelle « l’affaire des poisons » et la création de la cour de justice qu’on appellera « la chambre ardente » où comparaîtront plus de 400 accusés. L’enquête révèle la qualité « de ses commanditaires », se retrouvent compromis la comtesse de Soissons, la duchesse de Bouillon, le Maréchal de Luxembourg, Louvois, Colbert, Madame de Dreux, le vicomte de Polignac.

Arrêtée en 1679, elle reconnaîtra ses crimes et se repentira, on ne trouve aucune circonstance atténuante et l’on se demande encore pourquoi elle a basculé dans le crime ? On ne peut plaider la folie, elle met en place son commerce mortifère en toute conscience. Elle est avide, sans scrupules, intelligente, elle profite de la superstition qui règne même dans les classes les plus éclairées. Condamnée à mort, elle sera brûlée vive en place de grève le 22 février 1680 avec courage, déclarant : « je ne puis trop souffrir pour ce que j’ai commis ».

L’affaire ne s’arrêtera pas pour autant, sa fille révèle à la Reynie les implications de Madame de Montespan participant à des messes noires, commandant des filtres, etc. Craignant des révélations sur ses secrets d’amant, le roi réagit très vite, en interdisant l’utilisation du registre, mais plutôt des feuilles volantes, enfermées dans une cassette, et demandant en 1682 à la chambre ardente de ne plus s’occuper des affaires où figure le nom de sa maîtresse, pour ensuite tout détruire en 1709.

Une des plus grandes criminelles de l’histoire a fait jeter une ombre sur le règne de Louis XIV, révélant une cour, théâtre de complots, de manigances, d’intrigues, alors qu’elle se voudrait engagée vers les chemins de la raison et du perfectionnement moral par la foi.

L’invitée du dimanche