Comme un boomerang

Je ne sais pas qui a eu le premier cette idée géniale de publicitaire à propos du trop-plein de vocations dans les rangs de la droite, chez les Républicains ou dans leur famille élargie, pour les prochaines présidentielles. Comme on le sait, il est inutile de vanter les qualités intrinsèques du produit que l’on veut promouvoir, il vaut mieux transformer ses défauts en qualités. Il y a trop de candidats potentiels ? qu’à cela ne tienne. Ils formeront une équipe. Quelle équipe ? mais l’équipe de France bien sûr. L’idée est tellement belle que le premier candidat déclaré, Xavier Bertrand, n’a pas pu y résister.

Et voilà le président sortant réélu dans les Hauts-de-France nimbé d’une image de réussite, à la tête d’une « dream team », enrôlant sous sa bannière ses concurrents, de gré ou de force, à la tête de ces « irrésistibles Français », comme on aime à les surnommer, ceux qui n’allaient faire qu’une bouchée de ces malheureux helvètes avant de s’attaquer à des morceaux plus coriaces. Après la piteuse élimination de l’équipe de France à l’euro de football par une équipe de Suisse vaillante et déterminée, je serai fort surpris que Xavier Bertrand ou son entourage continue à s’identifier à l’image renvoyée par les footballeurs français. Et pourtant l’analogie est intéressante. Doit-on considérer comme une force pour la droite de posséder des candidats dotés d’un talent individuel reconnu, ou au contraire comme un facteur de rivalité stérile voire destructrice ? des trois candidats potentiels, le seul qui est resté dans la famille et serait donc susceptible d’être investi par le parti des Républicains, c’est Laurent Wauquier, qui a dû s’astreindre à une cure de silence après des déclarations malheureuses enregistrées à son insu en 2018. Xavier Bertrand a déjà prévenu qu’il ne se soumettrait en aucun cas à des primaires, et Valérie Pécresse, qui a fondé son propre mouvement, se donne le temps de la réflexion.

Ce trio peut faire penser à l’attaque de l’équipe de France, réputée la meilleure du monde avec un trident Griezman, M’bappé, Benzema, qui n’a pas totalement convaincu. En politique, comme en football, seule l’efficacité compte. On voit régulièrement des francs-tireurs faire dissidence quand ils n’obtiennent pas l’investiture de leur parti et être réintégrés purement et simplement en cas de victoire à l’élection. En contrepartie, malheur aux vaincus. La défaite de l’équipe de France revient en boomerang à la figure de celui qui s’en était réclamé. Il va devoir trouver une autre analogie en urgence pour détourner l’attention de cette inspiration malheureuse. Mais franchement, qui aurait misé ne serait-ce qu’un euro sur cette élimination sans gloire à ce stade de la compétition ? Une explication à méditer pour les politiques : peut-être se sont-ils vus trop beaux ?