Deux poids, deux mesures

Acte 1 : à l’appel sur les réseaux sociaux d’une poignée de jeunes à l’organisation d’une fête improvisée baptisée projet X en référence à un film culte pour ados, des centaines de participants se sont retrouvés sur l’esplanade des Invalides à Paris. On a pu voir sur les chaînes d’information continue une foule dense, où les jeunes présents avaient tombé le masque, si tant est qu’ils l’aient porté auparavant, sautant, dansant, postillonnant, prenant le risque de créer un cluster géant. Dans un premier temps, les forces de police laissent faire, sans intervenir.

Acte 2 : pendant ce temps se déroule à Roland Garros une demi-finale entre les deux favoris du tournoi de tennis. Les spectateurs se préparent à devoir quitter le stade vers 22 h 45 pour respecter le couvre-feu récemment reporté à 23 h, et ça grogne : « on ne s’en ira pas ! »  Ils ont déjà dû renoncer à la fin du quart de finale pour les mêmes raisons. Quand, miracle ! divine surprise ! le speaker déclare que les spectateurs vont bénéficier d’une dérogation et pouvoir assister au match jusqu’au bout. Le public ne se trompe pas sur l’identité du responsable de cette généreuse exception et scande « merci Macron ! »

Acte 3 : les policiers commencent la dispersion des jeunes sur l’esplanade. Elle se poursuivra au-delà de minuit, sans grands incidents apparemment et heureusement. La mansuétude du chef de l’état ne s’étend pas à cette population, formée en grande partie de lycéens, qui ne votent pas, ou alors souvent pour le rassemblement national. Tandis que les 5 000 spectateurs du public de Roland Garros sont beaucoup plus conformes à l’électorat du président de la République. D’abord, ils ont les moyens de payer 500 euros pour deux adultes et deux enfants. Ensuite, le tennis reste un sport relativement élitiste, comparé au basket et surtout au foot, pratiqué dans les cités et les ghettos du monde entier.

Plusieurs enseignements sont à tirer de cette confrontation de situations dans lesquelles le pouvoir manifeste une fois de plus son goût de l’arbitraire. Une partie de la population, notamment les jeunes, ne supporte plus les contraintes liées à la situation sanitaire. On leur demande d’être solidaires, sans que la réciproque soit clairement établie. La demi-mesure d’un report du couvre-feu à 23 heures au lieu de le supprimer d’ores et déjà, est illisible et risque de créer des problèmes au lieu de les résoudre. Et que dire de cette organisation mercantile d’un tournoi de tennis, où l’on vend les droits de retransmission à une plateforme privée tout en organisant les rencontres à une heure inhabituelle pour essayer de récupérer une partie de l’argent perdu du fait de la pandémie ?

Commentaires  

#1 jacotte 86 12-06-2021 12:11
t'as du pognon?...t'as tous les droits! vive la démocratie macronienne
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