Pour l’exemple

Je n’ai aucune espèce de sympathie à l’égard de Damien Tarel, le « gifleur », comme l’ont surnommé les médias, mais force est de constater qu’il a payé pour les autres, et que faute de pouvoir attraper et juger tous ceux qui s’en prennent à l’autorité sous quelque forme que ce soit, celui-là écope d’une peine destinée à dissuader ceux qui seraient tentés de faire comme lui. Le verdict du tribunal correctionnel coche d’ailleurs toutes les cases des revendications policières de ces derniers mois.

Le problème de la police, c’est la justice ! s’était écrié un syndicaliste au cours d’une manifestation controversée. Elle est trop lente, disait-on. Ici, le coupable a été jugé en 48 heures selon la procédure de comparution immédiate. Sa peine a été exemplaire puisqu’il est condamné à 18 mois de prison, dont 14, avec sursis, et surtout il ne ressort pas libre comme le dénonçaient les forces de police s’agissant de petits délinquants. De façon exceptionnelle, cette peine de 4 mois fermes est exécutoire sur-le-champ alors qu’habituellement les sanctions inférieures à un an de prison sont systématiquement aménagées. Encore une fois, cette sanction est probablement justifiée, bien que l’homme semble assez peu dangereux. Malgré ses opinions proches de l’extrême droite, il est peu politisé, et très loin du fanatisme dont peuvent faire preuve beaucoup de personnes sans passer à l’acte. On peut espérer que ni l’Élysée ni le garde des Sceaux, n’a donné la moindre consigne pour obtenir un jugement exemplaire. Il n’en était nul besoin, tant la condamnation des faits était unanime. Il faut simplement que les autres affaires similaires soient jugées selon les mêmes critères.

Vous avez peut-être vu la manière dont Francis Lalanne s’en est pris à l’équipe de reportage de Quotidien, pour des raisons obscures et a bousculé un journaliste et un cadreur, occasionnant un traumatisme crânien et une entorse à ses victimes, qui ont porté plainte. Francis Lalanne conteste ces faits et affirme que c’est un coup monté. Une enquête sera menée et je ne doute pas qu’elle sera impartiale. Il m’étonnerait cependant beaucoup qu’elle aboutisse à une procédure accélérée et que Francis Lalanne dorme prochainement en prison, même si les faits sont avérés. Il est vrai qu’un journaliste n’est pas dépositaire de l’autorité publique, mais sa protection est tout aussi nécessaire pour garantir l’exercice d’une liberté fondamentale : le droit à l’information.

Le verdict a dû être accueilli avec satisfaction par le président de la République, mais il reflète un dilemme du chef de l’état, partagé entre le désir de ne pas donner trop d’importance à un épisode somme toute peu glorieux pour lui, et celui de punir sévèrement une atteinte à l’autorité de l’état. Comme toujours, Emmanuel Macron veut « en même temps » le beurre et l’argent du beurre, être aimé et craint tout à la fois. Ce n’est pas forcément compatible.

Commentaires  

#1 jacotte 86 11-06-2021 12:03
il a déjà le c.l de la crémière!!!
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