Vive l’égalité des chances !

Zut ! ça commençait bien. L’égalité, c’est un thème porteur, coco. Mais pas à Paris. Paris, c’est trop dans l’entre soi, dans l’élitisme. Et puis ça ne sort pas de l’ordinaire, du train-train, de la morosité due à la situation sanitaire et sociale. Tiens, a dû se dire le président, si j’allais à Montargis, parler d’égalité. Le discours de Montargis, comme celui des Mureaux, ça sonne bien, ça fait vraiment « région » comme on disait province autrefois. Et puis, non, si j’allais plutôt à Nantes ? Mais bien sûr ! faisons ça.

D’abord, Nantes, je ne lui ai jamais rendu visite. Bon, c’est un des derniers bastions de la gauche, avec une maire socialiste, mais justement, ça montrera que je ne suis pas sectaire et que j’accepte les voix de tous les électeurs. Et puis je ne suis pas obligé de prendre un bain de foule non plus. Avec cette température, une réunion à l’Institut régional d’Administration fera tout à fait l’affaire, du moment que la presse locale et nationale sera présente. Une petite visite l’après-midi dans une usine en plein essor, et la journée sera bouclée. Bon, il reste à préparer la hotte. Venir voir les gens sans apporter de cadeau, c’est non seulement grossier, mais c’est contre-productif. C’est le meilleur moyen de ne plus être invité. Alors quand on ne sait pas quoi offrir, on peut glisser un petit billet, ça fait toujours plaisir. On va doubler l’aide de l’état pour inciter les jeunes nécessiteux à préparer les concours de la fonction publique. Elle passera de 2 000 à 4 000 euros, et l’on pourra se représenter autant de fois que nécessaire, comme au permis de conduire. Elle est pas belle, la vie ?

Bon, j’arrête de jouer au président. Sérieusement, dès que l’on ajoute quelque chose à une notion absolue telle que l’égalité, en précisant égalité des chances par exemple, on la dénature et on la vide de son sens. L’égalité tout court, c’est quand tout le monde reçoit la même part de gâteau, et non pas quand on fait participer les intéressés à une loterie où la plupart récolteront des miettes pour que quelques-uns s’empiffrent ad nauseam. La comparaison avec le sport peut être éclairante. On oppose parfois le sport de haut niveau et le sport de masse, alors que favoriser la pratique sportive pour tous permet également de détecter les talents particuliers. La logique défendue par Emmanuel Macron, qui le fait s’opposer par ailleurs à un revenu universel ou à un RSA jeunes, c’est de privilégier la carotte financière, celle qui permet de verser des salaires pharaoniques à quelques milliardaires en short qui courent sur un terrain de football en faisant croire aux enfants qu’ils peuvent tous devenir Kylian Mbappé.

Commentaires  

#1 jacotte 86 12-02-2021 11:32
et alors? c'est pas bien de faire rêver quand on a rien d'autre que d' être dealer aux Dervalières?
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