Merci patron

Ce billet m’a été inspiré par « le récent fait divers » de ce patron boulanger entamant une grève de la faim pour empêcher le renvoi de son apprenti guinéen dans son pays d’origine, car devenu majeur, après l’avoir pris en charge mineur, l’état le considérait comme expulsable... Les médias aidant, le jeune apprenti sera régularisé.

Cet artisan était-il dans son rôle ?

Sûrement, car un patron dans l’antiquité était un praticien protecteur d’hommes de conditions inférieures. C’est devenu le représentant d’un Saint, censé protéger un individu à qui l’on a donné son patronyme, ou d’un groupe... Saint Éloi, patron des orfèvres, sainte Barbe, patronne des pompiers... et par extension tout chef d’un service hospitalier, directeur d’une usine, propriétaire d’un bistrot, et dans la sphère intime le mari ou la femme devenue « patronne » indiquant toujours celui qui commande !

Dans le cadre du travail, les patrons ont des devoirs définis dans le Code du travail : respecter les termes du contrat, obligation de rémunérer le salarié, de fournir un travail, et les moyens de le réaliser dans le respect de la sécurité et de l’hygiène... En cas de litige individuel pour non-respect du Code du travail, le conseil des prud’hommes composé de représentants de salariés et d’employeurs élus et de même nombre est chargé de la conciliation ou du jugement. Cette instance ainsi que la présence des syndicats sont une aide précieuse pour les salariés, on compte plus de 108 000 plaintes en 2019, de quoi faire réfléchir les « mauvais » patrons !

Et des mauvais patrons, cela ne manque pas, depuis 2003 avec le licenciement de 800 personnes dans l’entreprise Métaleurop, on découvre une nouvelle catégorie de patron, les « patrons voyous » !

Ils se rendent coupables de délits d’initiés, de pratique de fraude, de contournement des obligations fiscales et sociales, ils cherchent avant tout l’enrichissement personnel et celui des actionnaires et pas de développer des emplois. Ils ont de grands noms, Sanofi, Bouygues, SFR, Fram, Air France... L’état lui-même se conduit comme un voyou avec ses vacataires corvéables à merci, payant les salaires en retard, multipliant les CDI, licenciant sans indemnités !

La justice a souvent du mal à les rattraper, ils plaident la bonne foi, les erreurs de stratégie ! Parfois pourtant ils doivent rendre des comptes ! En exemple, les patrons voyous de Samsonite, après avoir reçu une aide de 500 000 € pour relancer l’entreprise, partis avec la caisse, ils n’ont écopé que de 2 ans de prison, ou encore le patron de France Télécom mis en examen pour harcèlement moral ayant conduit jusqu’à de nombreux suicides !

Devant ce dévoiement du rôle noble de patron, il y a la solution d’essayer de devenir son propre patron avec les microentreprises (peu de ceux qui s’y essayent réussissent vraiment), mais mieux encore, on peut essayer de s’en passer, les SCOP, dans lesquels les salariés détiennent 51 % du capital et sont associés majoritaires avec un partage équitable du pouvoir, des risques, des profits sous la houlette d’un gérant (on en compte 2014 en France) nous montrent le chemin !

L’invitée du dimanche