Bon débarras !

Je ne sais pas ce qu’ont ressenti les Américains d’Amérique pendant cette journée qui aurait dû être celle de la passation pacifique de pouvoir entre Donald Trump et Joe Biden, l’ancien et le nouveau président de la première puissance économique mondiale. En Europe, et pour ma part, c’est surtout du soulagement. Jusqu’au dernier moment, on a pu se demander si les trumpistes les plus enragés n’allaient pas perturber le déroulement des cérémonies, ou, plus grave, entraver le cours de l’histoire en déclenchant les prémisses d’une nouvelle guerre civile.

Tous comptes faits, j’imagine assez bien ce qui aurait pu se dire entre Biden et Trump, si leur rencontre s’était produite le jour dit, comme c’est la tradition entre adversaires de bonne foi. Ils auraient pu nous gratifier d’un remake du sketch de Roger Pierre et Jean-Marc Thibaut, sur la guerre de Sécession qui a cessé, c’est sûr. Donald Trump, en général vaincu, aurait dit à son rival victorieux : « si nous autres, les Trumpistes, on avait été plus nombreux, vous autres, les Nordistes, vous auriez bel et bien pris la pâtée, vous savez… » Mais Donald Trump est trop bouffi d’orgueil pour admettre, même par ricochet, qu’il a pu être battu par un looser, et encore moins à la régulière. Jusqu’au dernier moment, on a pu craindre qu’il appelle à la rébellion contre le pouvoir légitime ou qu’il laisse ses partisans les plus acharnés fomenter un « coup » (en français dans le texte, sous-entendu, d’état) pour revenir par la fenêtre après avoir été jeté à la porte du pouvoir comme un malpropre.

D’ailleurs, il a promis de revenir, d’une manière ou d’une autre, ce qu’à Dieu ne plaise, puisqu’il est à toutes les sauces dans la société américaine. Pour un républicain français athée, c’est une curiosité de voir un président jurer sur la bible de respecter et défendre la constitution de son pays. Ce n’est pas pour rien que la devise mentionne Dieu sur la monnaie américaine et quand Trump a adressé un message à son successeur, il n’a pas manqué de préciser qu’il prierait pour la réussite de la nation et qu’il faudrait beaucoup de chance à la nouvelle équipe, sous-entendant qu’elle n’avait aucune possibilité d’y arriver sur ses seuls mérites. Oui, Dieu va sûrement avoir beaucoup de travail aux USA pour ravauder le tissu social et tenter de réconcilier les populations montées les unes contre les autres. On ne sait pas quel Dieu au juste, si c’est celui de Joe Biden, il est catholique, comme Kennedy, si c’est celui de Trump, il est plutôt protestant, ou évangélique, mais surtout Trumpiste, pense-t-il. Il espère toujours que Dieu reconnaîtra les siens, mais l’expérience tend à prouver qu’il est généralement du côté du plus fort. Que Donald Trump aille donc au diable !