Tous solidaires ?

Ce serait le moment ou jamais. La pandémie du coronavirus ne distingue ni les classes sociales ni les revenus de chacun. Elle peut frapper aveuglément riches et pauvres, et chacun a le droit d’être soigné dans les meilleures conditions possibles. De là à dire que les inégalités auraient disparu, c’est naturellement faux, et d’autres injustices subsistent ou apparaissent. Il vaut toujours mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade. Toutefois, l’état, que certains qualifient de providentiel, n’aura jamais été aussi présent qu’en ce moment.

Après avoir clamé haut et fort que l’argent magique n’existait pas et refusé le moindre « coup de pouce » au SMIC, y compris en ce moment où le gouvernement dépense sans compter, les milliards continuent à tomber de l’hélicoptère. Une partie provient des caisses de l’état, qui ne sont pas aussi vides qu’il veut bien le dire, et une autre de l’emprunt, c’est-à-dire de la dette que nous lèguerons aux générations qui nous suivent. Par un heureux hasard, l’argent n’a jamais été aussi peu cher, contrairement à ce que chantait Téléphone en 1981. Les détenteurs de la monnaie sont prêts à donner de l’argent sous forme d’intérêts négatifs pour prêter aux clients solvables comme la France. Pour le moment, le slogan du « quoi qu’il en coûte » continue d’être le credo du président Macron et de sa majorité. Mais si l’état est prêt à soutenir l’économie en général, et à accorder des crédits et des indemnisations aux secteurs les plus touchés, il n’est manifestement pas décidé à profiter de l’occasion pour réparer certaines injustices ou combler certaines inégalités.

L’exemple du RSA et de son extension aux jeunes de 18 à 25 ans qui sont pour l’instant exclus de son champ d’application est édifiant. Le président très libéral est opposé à cette mesure pour des raisons purement idéologiques. Il semble redouter que les jeunes concernés s’installent dans un statut d’assistés et renoncent à chercher du travail. On se souvient du soupçon qu’il laissait peser sur ceux auxquels il prétendait trouver un job en traversant la rue. Emmanuel Macron n’a pas foi en l’homme. Il le suspecte d’être fainéant, et ne veux pas encourager la paresse. C’est le côté soupçonneux de la méritocratie, qui a recours au bâton par manque de confiance dans la carotte. La situation actuelle des étudiants devrait pourtant inspirer le gouvernement. Ce sont des initiatives privées ou associatives qui prennent le relai et permettent aux plus démunis des jeunes de simplement se nourrir et subsister plus ou moins correctement. La disparition des petits boulots a des conséquences dramatiques pour beaucoup d’entre eux, ceux notamment qui ne peuvent pas compter sur l’aide de leur famille. Il y a une banque qui a choisi comme slogan, avec une certaine indécence : « les gens, avant l’argent ». L’ancien banquier de chez Rothschild devrait s’en inspirer dans ces temps difficiles.