Halte au feu !

Parmi les mesures possibles que devrait annoncer le Premier ministre ce soir, celle de l’extension du couvre-feu de 20 h à 18 h sur l’ensemble du territoire français tient la corde, pour des raisons essentiellement politiques. On ne peut pas être certain de son efficacité, au moment où une partie des scientifiques se prononce pour des mesures plus radicales, en clair un 3e confinement, dont l’impact économique serait évidemment beaucoup plus important. Et à l’intérieur de cette option, la question de la fermeture éventuelle des écoles est évidemment centrale.

La situation sanitaire de la France, sans être flamboyante, est un peu moins préoccupante que celle de nos voisins, notamment les Anglais, où l’épidémie semble échapper à tout contrôle, et où la saturation guette l’ensemble du système de santé. Chez nous, et selon les régions, le nombre de cas est en légère augmentation sur un socle déjà haut. Tous les effets des fêtes de fin d’année ne sont pas encore perceptibles et le rythme de vaccination ne permet pas d’envisager d’immunité collective avant longtemps. Pour ne pas être taxé d’immobilisme, le gouvernement va donc inévitablement annoncer une initiative, et ce sera probablement l’extension du domaine de la lutte en poursuivant la métaphore guerrière chère au Président. C’est une demi-mesure, et, comme telle, elle sera critiquée à la fois par ceux qui trouvent qu’on en fait trop et ceux qui estiment qu’on n’en fait pas assez.

Je suis bien incapable de me prononcer sur l’utilité de demander aux Français de se coucher avec les poules, et j’ai la nette impression que les scientifiques eux-mêmes ne sont guère plus formels. Au mieux, ils concèdent que cela ne peut pas faire de mal. Mais les conséquences sur certains métiers sont, elles, évidentes. De la même façon, la fermeture des écoles présente des inconvénients avérés, mais son incidence positive sur la propagation du virus reste à démontrer, en l’absence d’études vraiment spécifiques. La moitié des contaminations serait due à des personnes asymptomatiques, et l’on ignore toujours si les enfants peuvent être des porteurs « sains » et infecter leurs proches sans développer la maladie.

Reste la question des mutations du virus, dont les formes nouvelles pourraient aggraver sérieusement la situation, en France et dans le monde, et contre lesquelles nous sommes démunis. La stratégie du gouvernement parait, comme souvent, guidée par le coup du parapluie, que l’on ouvre bien grand pour éviter d’être « mouillé » dans une plainte future, du type sang contaminé ou Mediator. Il lui faut démontrer sa volonté d’agir et surtout ne pas donner l’impression de subir les évènements, ce qui est malheureusement souvent le cas. Il devra aussi renoncer pour le moment à serrer les cordons de la bourse et il continuera dans la seule voie où même l’opposition lui reconnait une certaine efficience : le soutien de l’activité économique.