Jusqu’à la lie

Dans un peu plus d’une semaine, Joe Biden deviendra, si tout va bien, le 46e président des États-Unis d’Amérique, après un parcours du combattant semé des obstacles que le président sortant n’aura eu de cesse d’ériger sous ses pieds dans ce qui n’aurait dû être qu’une simple formalité. La seule initiative louable que Donald Trump aura prise, c’est de dispenser le président élu de sa présence le 20 janvier, jour de l’investiture officielle. Selon des sources généralement bien informées, ce jour-là, comme presque tous les jours depuis un moment, il a golf, et doit donc travailler son swing.

Malheureusement pour la démocratie américaine, les plus dangereux de ses supporters, ceux-là mêmes qui ont déjà pris d’assaut le Capitole, pourraient vouloir récidiver et causer des incidents encore plus sérieux, alors qu’il y a déjà eu 5 morts le 6 janvier dernier à Washington. L’organisation de la défense des institutions a montré des failles inquiétantes, et le ministre de la Sécurité intérieure a démissionné depuis lors. On comprend dans ces conditions que le parti démocrate, emmené par Nancy Pelosi, fasse le maximum pour obtenir la destitution de Donald Trump, malgré les délais très courts, afin d’éviter dans la mesure du possible qu’il utilise les moyens du pouvoir à ses fins personnelles avant de devoir passer la main. Des poursuites contre l’ancien président auraient aussi l’avantage de l’empêcher de se présenter en 2024.

Le pouvoir de nuisance de Donald Trump est presque intact, malgré la fermeture de son compte Twitter aux 80 millions d’abonnés. Il avait dit qu’il pourrait tuer quelqu’un dans la rue au vu et au su de tous sans craindre quoi que ce soit. On croyait à une plaisanterie de mauvais goût, mais cela pourrait être une réalité. Une vérité alternative, comme il aime à les inventer. Il aura passé son mandat à mentir sur Twitter, quand le golf lui laissait un peu de répit, et il pourrait bien, en dernier pied de nez à ses détracteurs, trouver un moyen de s’auto amnistier pour échapper aux conséquences de ses actes, y compris le dernier, une incitation très claire à l’émeute et au renversement des institutions légitimes de son pays. Tant que la passation de pouvoir n’aura pas été effective, il faut craindre des incidents pouvant dégénérer dans un pays où circulent librement les armes à feu dans près d’un foyer sur deux, au nom du 2e amendement de la Constitution. À supposer que Donald Trump puisse être écarté définitivement du pouvoir politique, ou qu’il décide de se retirer volontairement, le poids de l’extrême droite et de la partie non éduquée de son électorat, prête à suivre le premier gourou venu, restera un souci, notamment pour le parti républicain, qui s’est laissé vampiriser et commence à le regretter.