Vesoul

La préfecture de la Haute-Saône, immortalisée à ses dépens par la chanson de Jacques Brel, est depuis hier le théâtre du procès de Jonathann Daval, accusé du meurtre de sa femme, Alexia, dans des circonstances particulièrement horribles. Le fait divers a tenu la France en haleine en 2017, Jonathann Daval étant passé en quelques semaines du statut de veuf éploré, soulevant la compassion du public, à celui de monstre de duplicité, rejeté de tous. Ses beaux-parents, après l’avoir soutenu quand ils le croyaient innocent, voudraient à présent un châtiment exemplaire, et craignent un procès à charge contre leur fille.

Isabelle et Jean-Pierre Fouillot ont le sentiment d’avoir été trompés par leur gendre, qu’ils n’étaient pas loin de considérer comme idéal, et voudraient voir les faits requalifiés en assassinat, car ils ne croient pas une seconde à la thèse de la dispute qui aurait mal tourné. Ils aimeraient que leur fille ne soit mise en cause d’aucune façon dans ce procès par les avocats de la défense et c’est malheureusement impossible. La cour peut, et doit, examiner la personnalité de la victime tout autant que celle de son meurtrier, pour tenter de comprendre ce qui s’est réellement passé le jour de la mort d’Alexia. Les faits en eux-mêmes ont été reconnus par le présumé coupable, qui a renouvelé ses aveux en excluant l’intervention d’un tiers, quel qu’il soit. Tout repose donc sur l’existence ou non d’une préméditation et d’éventuelles circonstances atténuantes. La défense, comme c’est son droit, et même son devoir, va soutenir la thèse d’un déséquilibre dans le couple, où la femme « portait la culotte » selon certains. L’hypothèse d’une emprise psychologique et d’une maltraitance physique de la femme sur son mari est même évoquée. Il sera difficile d’établir cet aspect, mais la faiblesse de caractère de Jonathann semble attestée par son parcours personnel.

Comme souvent, la vérité se trouve peut-être entre les positions extrêmes, et la cour d’assises aura la tâche difficile d’essayer de démêler l’écheveau des relations humaines et de sanctionner aussi équitablement que possible l’auteur des faits. Beaucoup d’observateurs se sont mépris sur les larmes de Jonathann Daval. Je pense qu’elles étaient sincères, ce qui n’amoindrit en rien sa responsabilité. S’agissait-il d’un apitoiement sur son propre sort ? Ce n’est pas exclu non plus. Quoi qu’il se soit passé ce jour-là, il sait qu’il a commis un acte irréparable, et qu’il va devoir en payer les conséquences. C’est probablement pour cette raison qu’il dissimule le crime, en espérant de façon enfantine effacer son geste, comme par magie. Mais on peut aussi lui faire crédit d’un regret et d’un remord altruistes, qui le font pleurer une femme, sa femme, pour des raisons positives. Verdict dans 5 jours.