L’hiver arrive

Même ceux qui ne regardent jamais de séries télévisées, ce qui est mon cas, ont déjà entendu cette expression énigmatique. « Winter is coming » en version originale est la devise d’une famille du célèbre feuilleton Game of Thrones et évoque la menace du dérèglement climatique qui pèse sur le Royaume. Cet hiver qui arrive sur nos sociétés, vous l’avez reconnu, c’est celui de la pandémie et le cortège de mesures restrictives destinées à enrayer sa progression. Il arrive avant la date officielle et risque de se prolonger bien au-delà, au point de faire douter du retour du printemps.

Ce deuxième épisode du confinement ressemble au premier, mais il en diffère sur de nombreux points. Les Français avaient subi durement le premier choc, mais avaient admis le bien-fondé de ces privations de liberté, parce qu’elles semblaient toucher équitablement tout le monde, jeunes et vieux, riches et pauvres, puissants et misérables, dans une sorte de nivèlement incitant à la solidarité. On applaudissait les soignants, on célébrait les professions qui permettaient de conserver un semblant de vie sociale et de faire tourner la boutique : pompiers, policiers, éboueurs, etc. Cette fois, le ver de la discorde s’est mis dans le fruit dès le départ. Puisque le confinement n’est pas total, chaque profession revendique à juste titre de faire l’objet d’une dérogation pour conserver son activité. Prise individuellement, la défense de son gagne-pain parait totalement légitime. On ne voit pas en quoi il serait plus dangereux d’acheter des chaussures que du pain par exemple. Ou pourquoi les grandes surfaces feraient-elles courir moins de risques que les commerces de détail ?

Les professions concernées font valoir également que ces différences de traitement reviennent à créer des distorsions de concurrence, notamment dans certains secteurs déjà menacés, comme les librairies, fermées, alors que les gros vendeurs que sont les Amazon, Fnac et autres Leclerc restent ouverts. La logique ultime de ce raisonnement consisterait à renoncer purement et simplement au confinement, en laissant l’épidémie prélever son tribut, au risque de se faire déborder totalement dans un scénario similaire à celui de la grippe espagnole de 1918 qui aurait causé de 50 à 100 millions de morts. Aucun gouvernement, fut-il aussi irresponsable que celui de Trump, aucun dirigeant politique n’assumera la responsabilité d’une telle catastrophe sanitaire, et heureusement. Il va cependant falloir beaucoup d’ingéniosité pour mettre de l’ordre dans un catalogue de mesures contradictoires, décidées dans la hâte et la précipitation d’un manque d’anticipation au plus haut sommet de l’état. Autant les stratégies réparatrices des pertes économiques mises en place par l’état sous forme d’aides aux entreprises et dans une moindre mesure des salariés ont été relativement efficaces, autant on en constate désormais les limites. L’hiver va être long, je le crains, avant que revienne, forcément, un jour, le sacre du Printemps.

Commentaires  

#1 jacotte 86 31-10-2020 11:45
c'est ce forcément en quel il faut croire...sinon à quoi bon se lever le matin
Citer