Aux avirons !

Le chef a parlé. Ce sera donc le couvre-feu dans les zones rouges de 21 heures à 6 heures du matin pendant 4 à 6 semaines au moins. L’opinion a été préparée à ce tour de vis grâce à des fuites soigneusement organisées, car tout repose sur le degré d’acceptabilité de ces restrictions des libertés individuelles. Les maires des grandes métropoles concernées ont été consultés afin de déminer le terrain autant que faire se peut. Il s’agit maintenant de convaincre la population du bien-fondé de ces mesures, et ce n’est pas gagné d’avance.

Le Premier ministre, entouré de 4 de ses ministres va donner à son tour une conférence de presse pour détailler les nouvelles règles, et les députés de la majorité ont déjà commencé à faire l’article sur les chaines d’information continue. Et il y a du boulot ! Les changements de pied de l’exécutif sur les masques, les tests et le traçage ont sapé la confiance des Français. Tout le monde a conscience que l’instauration d’un couvre-feu marque l’échec de la mise sous contrôle de l’épidémie supposée résulter du dépistage massif et la montée en puissance du dispositif de tests. Le répit obtenu, qui a permis la levée du confinement, n’a pas été mis à profit pour préparer un rebond de l’épidémie, jugé inéluctable par la plupart des spécialistes, en renforçant le dispositif hospitalier, en créant des lits supplémentaires et en recrutant du personnel pour la prise en charge des patients, Covid et non Covid. Il va donc falloir gérer la pénurie, et freiner la propagation du virus. Emmanuel Macron a écarté d’emblée l’hypothèse d’un reconfinement, jugé trop coûteux, et veut limiter les incidences sur les activités économiques. D’où cette idée géniale d’empêcher les regroupements dans la sphère privée, en limitant à 6 le nombre de personnes pouvant se rencontrer.

Et là, le gouvernement se heurte à l’impossibilité de faire appliquer autoritairement cette règle, sans compter la difficulté presque insurmontable de surveiller tous les domiciles et le nombre de policiers qui seraient nécessaires. Faute de pouvoir instaurer un état de siège, donc, on va se rabattre sur un état d’urgence sanitaire, d’une incohérence absolue, qui va forcément faire de nombreux mécontents, chacun s’estimant plus mal traité que son voisin. Les restaurants, que l’on vient d’autoriser à ouvrir, verront leur activité amputée, et devront s’adapter ou fermer. Bref, ce sera le règne de l’arbitraire, comme cette règle de 6. Personne n’y comprend plus rien, excepté que l’improvisation semble être plus que jamais la ligne de conduite d’un gouvernement et d’un président, propulsés aux manettes sans en avoir forcément les compétences, et qui ne tiennent que par leur allégeance à un seul homme, avec ses qualités et ses défauts, ses préjugés et ses théories parfois fumeuses sur la méritocratie.

Commentaires  

#1 jacotte 86 15-10-2020 11:26
on ne s'étonne même plus de ces nouvelles mesures dont on ne saura que dans 3 semaines si elles ont été efficaces et encore ce ne sera pas forcément prouvables ...moi j'ai retenu que nous en avons au moins jusqu'à l'été prochain de galères en galères alors cherchons des moyens de rester zen!!
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