Avis de tempête

En entendant le bulletin de la météo ce matin, j’ai sursauté quelque peu à l’annonce d’une tempête de forte intensité, comparable à celle de 2017, qui va frapper l’ouest de la France, où j’ai le plaisir de résider. La région est relativement coutumière du fait, et ce n’est pas ce qui m’a fait réagir. C’est le raccourci du bulletin, expliquant qu’Alex, c’est son nom, allait toucher les 5 départements bretons : Finistère, Côtes-d’Armor, Morbihan, Ille-et-Vilaine et aussi Loire-Atlantique, réintégrée dans le giron natal breton, par la grâce de la météorologie.

Des décennies de combat militant pour la réunification de la région Bretagne se trouvent ainsi justifiées, comme par l’évidence de la géographie, passant au-dessus de divisions administratives que rien ne justifie vraiment. J’ai souvenir d’une tribune publiée dans les années 70, soit il y a près de 50 ans quand même, par un historien nantais, favorable au rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, qui s’intitulait : « comment peut-on être ligérien ? » puisque tel était le nom donné aux habitants des Pays de la Loire, une région fabriquée de bric et de broc, en prenant sur ses voisines, la Loire-Atlantique par ci, la Sarthe et la Mayenne par-là, au mépris de la géographie, mais surtout de l’histoire de ces régions rivales, tentant de forger de toutes pièces une identité commune quand toutes les traditions les opposent. Par comparaison avec les anciennes provinces, cette région artificielle emprunte ses départements à la Bretagne, le Maine, l’Anjou et le Poitou. Quant à la Loire, elle traverse nombre de contrées avant de se jeter en effet dans l’océan atlantique.

Les raisons de se sentir appartenir à la Bretagne quand on habite la région nantaise sont multiples, ne serait-ce que la résidence du château des Ducs, ou les côtes « sauvages » qui bordent le littoral, contrastant avec la platitude des côtes vendéennes. Le coche a été manqué en 2015 à l’occasion de la réforme territoriale, où il aurait fallu redécouper différemment les régions, quitte à ne pas conserver les départements en l’état, quand ils ne traduisaient pas une réalité géographique. C’était sûrement un casse-tête, mais guère plus que le charcutage retenu finalement et qui a fait des mécontents à peu près partout. L’avantage des phénomènes naturels comme cette tempête, c’est de ne pas s’embarrasser de subtilités et imposer leur loi. Ce n’est pas la première fois, en ce qui concerne la Bretagne, puisque la frontière avec la Normandie, matérialisée par le fleuve Couesnon, a déjà varié dans le passé. Le cours s’en étant détourné, l’estuaire a changé de place, avec pour conséquence de placer le fameux Mont-Saint-Michel, auparavant breton, en Normandie. Une décision qui aurait soulevé un tollé si elle avait été prise par les hommes. Attendons donc de pied ferme Alex, en espérant qu’il soit moins violent que Lothar et Martin en 1999.

Commentaires  

#1 jacotte 86 01-10-2020 11:46
"l'essentiel est invisible pour les yeux " on est breton dans son cœur et son âme même si on y est pas né, c'est une vraie rencontre amoureuse et au diable les géographes
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