Réponse à tout

Peut-être avez-vous entendu ce matin si, comme moi, vous êtes un habitué de France Inter, l’invité de la matinale de la station, un intellectuel dont je dois avouer que je n’avais jamais entendu parler auparavant, un certain Geoffroy de Lagasnerie, présenté comme philosophe et sociologue émérite. Déjà, si le hasard m’avait fait naître dans une famille aristocratique, je pense que j’aurais tenté d’abandonner la particule, qui rend un discours qui se veut subversif nettement moins crédible. Le personnage s’exprime avec un débit de mitraillette qui ne laisse à peu près aucune place à la contradiction. Mais l’essentiel est ailleurs.

Avec lui, l’expression temps de parole prend tout son sens. Il est déterminé à l’utiliser à 100 % pour promouvoir un discours dont il ressort que la gauche a trop de scrupules et devrait lutter contre l’idéologie dominante par tous les moyens, légaux et illégaux, avec ou sans mauvaise foi, pour faire avancer la Cause. Ses modèles revendiqués sont Cédric Herrou, cet agriculteur qui venait en aide aux réfugiés clandestins dans la vallée de la Roya, ou Carola Rakete, capitaine du « Sea-Watch » qui forçait le blocus pour débarquer ses migrants dans l’île de Lampedusa malgré l’opposition de Mateo Salvini. Le problème avec Geoffroy de Lagasnerie, c’est qu’il s’associe volontiers à des causes honorables, mais qu’il ne se donne pas la peine d’expliquer ses choix. Selon lui, il faut, et il suffit, de soutenir « ce qui est pur et juste ». Fort bien. Et à quoi le reconnait-on ? À son évidence. Ou sinon, je vous donne un petit indice. Si vous hésitez, sachez que si vous êtes d’accord avec lui, il y a de fortes chances pour que vous soyez du bon côté de la barricade. Dans le cas contraire, et c’est là que le bât blesse, vous êtes probablement perdu à tout jamais et donc irrécupérable.

Car, ce brave Geoffroy le dit clairement, après 20 ou 30 ans, votre cerveau est déjà conditionné dans un conformisme indécrottable, et il est inutile de perdre son temps à tenter de le réformer. Lui-même a 39 ans, mais il est apparemment tombé dedans quand il était petit, ce qui lui donne le droit d’agir au nom des générations futures et d’essayer de les conditionner dans son propre sens. Et ne lui parlez pas de la contradiction apparente entre ses objectifs révolutionnaires et sa place reconnue dans la vieille société où il exerce des fonctions de professorat et de recherche universitaire, lieu de reproduction des inégalités sociales. Il vous répondra qu’il utilise tous les moyens à sa disposition, au nom d’un objectif supérieur. Il me semble que ce corps idéologique est bien connu, et qu’il porte un nom : le totalitarisme.

Commentaires  

#1 jacotte 86 30-09-2020 11:36
moi son débit verbal m'a soulé
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