Irresponsable !

C’est de ce cette manière que le président Macron en déplacement au Liban pour la deuxième fois après les explosions qui ont dévasté le port de Beyrouth, a qualifié le comportement du journaliste du Figaro, Georges Malbrunot, qui a dévoilé le contenu d’une confidence qu’il aurait préféré garder secrète. Que s’imaginait-il donc ? Qu’il pouvait, comme au bon vieux temps, décider de ce qui était publiable ou non ? Que les journalistes solliciteraient un « imprimatur » avant de dévoiler des propos éventuellement gênants ?

Emmanuel Macron a le culot d’invoquer la déontologie des journalistes tout en exerçant des pressions intolérables sur eux et en bafouant ouvertement la liberté de la presse. C’est ce que le président appelle défendre les journalistes tout en leur parlant avec franchise, comprenez en se permettant de les critiquer vertement, quand le contenu de leurs articles ne lui convient pas. À aucun moment d’ailleurs l’Élysée n’a démenti formellement la réalité des propos du président, qui a évoqué des sanctions contre les responsables libanais, à titre personnel, s’ils s’opposaient aux réformes demandées par la France en contrepartie d’une aide internationale. Si cette réalité ne devait pas être révélée, que le principal intéressé n’a-t-il tenu sa langue le premier ? Chacun sait désormais que le « off » n’existe plus. Les politiques sont d’ailleurs les premiers à l’utiliser pour faire filtrer des informations dont ils ne souhaitent pas assumer la paternité. Il est assez amusant d’interpréter les paroles du chef de l’état en pensant qu’il s’adresse ces reproches à lui-même quand il déclare : « Ce que vous avez fait est grave, non professionnel. Et mesquin ». La mesquinerie en effet pointe dans ce propos, quand il utilise son statut pour écraser un interlocuteur supposé plus faible, comme il en a la mauvaise habitude.

Il a sans doute oublié que Georges Malbrunot en a vu d’autres. Notamment en 2004, quand il a été capturé en compagnie de son confrère, Christian Chesnot et de leur fixeur syrien et retenu en otage pendant 4 mois, dans des conditions de détention difficiles. À l’époque, la France, qui ne paye jamais de rançon selon la doctrine officielle, aurait déboursé 15 millions de dollars pour leur libération. Mais les autorités de l’époque ne l’ont jamais reconnu, et les journaux français n’en ont pas fait état. Il aura fallu un article du Times pour révéler cette transaction, jamais confirmée depuis. Georges Malbrunot lui-même était-il dans la confidence ? Ce n’est pas certain. En tout cas, il n’en a rien dit. Macron se serait-il senti moins bien considéré que son prédécesseur de l’époque, Jacques Chirac ? Sa réaction disproportionnée le suggère. « Un président ne devrait pas dire ça ! » C’est, au minimum, une preuve de faiblesse que cet acte d’autoritarisme.