Gueule de bois

Les autorités avaient prédit l’apocalypse sanitaire quand les Parisiens envahiraient les rues sans masques, mais avec maillots, écharpes malgré la chaleur, cornes de brume, langues de belle-mère et j’en passe, pour faire la fête et se postillonner au visage jusqu’au bout de la nuit afin de célébrer la victoire de l’équipe de football du PSG qui ne devait faire qu’une bouchée du club bavarois du Bayern de Munich. Le dispositif de sécurité mis en place par la préfecture était impressionnant : la fête serait tolérée, mais encadrée, et le masque serait obligatoire.

Tout avait donc été prévu, sauf un petit détail. Il fallait que les vedettes parisiennes, M’Bappé ou Neymar, finissent le travail et propulsent leur club sur le toit de l’Europe, là où seul en France le rival de toujours, l’Olympique de Marseille, avait réussi à se hisser depuis l’origine de la compétition. Simple formalité, si l’on en croyait les supporteurs, à l’objectivité douteuse. On en aurait oublié que le football, qui se joue à onze contre onze, est réputé toujours se finir par la victoire inexorable des Allemands, selon la célèbre formule d’un joueur anglais. La règle s’est vérifiée une nouvelle fois hier, démontrant le manque de fair-play des Munichois, qui ont déjà remporté le trophée à cinq reprises et auraient pu laisser le PSG savourer un premier titre. Et le pire, c’est que les Parisiens ne peuvent même pas invoquer un manque de réussite, comme les joueurs de Saint Étienne qui avaient vu leurs tentatives repoussées par les poteaux à l’époque carrés et non arrondis devant ces mêmes Munichois lors de la finale de Glasgow en 1976. Les joueurs stéphanois seront accueillis cependant en triomphateurs malgré leur défaite à leur retour en France.

Rien de tel à attendre pour la retraite du PSG après la campagne de Lisbonne et l’immense déception des supporteurs qui espéraient le sacre de leur équipe pour sa première finale. Sous le coup de la frustration, quelques dégradations, violences diverses, voire feux de poubelle ou de voiture ont amené à 148 interpellations. Parmi eux, probablement de faux supporteurs, mais de vrais casseurs, qui se saisissent de toute occasion pour se livrer à leur sport favori, qui n’a pas grand-chose à voir avec le football, mais beaucoup avec la bêtise humaine. Une nuit finalement assez tranquille pour les 3 000 policiers mobilisés. Ils doivent être parmi les rares à apprécier la défaite parisienne, en dehors des Marseillais irréductiblement hostiles au club de la capitale en toutes circonstances, qui leur a permis de se coucher un peu plus tôt. L’ombre du Covid aura cependant plané sur cette soirée, amenant certains responsables à exhorter les imprudents à se faire dépister en cas d’un comportement à risque pendant cette soirée qui aurait pu être mémorable.