Le couple franco-allemand

Permettez-moi de vous raconter une petite histoire pour commencer. « Angela ! Angela ! Sors de cette piscine immédiatement ! Je ne rigole pas… Calme-toi, Emmanuel, calme-toi. Qu’est-ce qui se passe ? Ce qui se passe, c’est que quelqu’un m’a volé mon maillot de bain et je voulais être sûr que ce n’était pas toi qui me l’avais pris. Ça va, je suis rassuré. Et je m’excuse. Ce n’est pas tant pour le maillot que pour notre belle amitié, à laquelle les gens ont tellement de mal à croire, sous prétexte que nous sommes si différents. »

Comment ? Vous la connaissiez avec un éléphant et une petite souris ? C’est possible. Le couple franco-allemand n’est ni plus ni moins improbable. Comme la petite souris, Emmanuel Macron est persuadé de pouvoir traiter d’égal à égal avec la chancelière allemande, en dépit du poids respectif des économies et de l’influence politique qui en découle. Angela Merkel a la délicatesse, ou l’intelligence de laisser croire à cette fiction, qui lui permet d’influencer largement la position européenne sans froisser ses interlocuteurs. Le président français, de son côté, peut se flatter d’avoir réussi son coup de com de l’été en recevant Angela Merkel au fort de Brégançon, 35 ans après la rencontre historique d’Helmut Kohl et de François Mitterrand. Le contenu des entretiens importe peu, du moment que l’image et le symbole apparaissent aux yeux des Français et que le président puisse prétendre endosser le costume des plus glorieux de ses prédécesseurs.

L’impact de cette visite protocolaire est évidemment très limité dans le temps. Au point que sitôt desservi le couvert du dîner « de travail » organisé dans la foulée aux frais du contribuable, les journalistes sont passés à autre chose et il vous faudra une loupe pour trouver trace aujourd’hui dans la presse de cette actualité déjà périmée bien qu’elle ne date que d’hier. On ne retiendra que l’entente cordiale entre les deux pays, dont on connait pourtant la volatilité depuis celle conclue par la France et l’Angleterre au début du 20e siècle. La chancelière et le président soulèveront timidement les questions de l’attitude russe vis-à-vis de la Biélorussie et l’empoisonnement de l’opposant Navalny et ce sera à peu près tout. Rien de décisif n’était sorti non plus l’an dernier après le bref séjour de Wladimir Poutine dans ce même fort de Brégançon. L’objectif est clair : occuper le terrain, créer l’évènement, pour le plus grand profit réciproque des dirigeants concernés, même si le soufflé retombe rapidement. J’imagine le président Macron, après avoir ainsi galopé de concert avec la Chancelière Merkel devant la presse, se retourner et s’exclamer : « tu as vu, Angela, toute la poussière qu’on fait ! »

Commentaires  

#1 jacotte 86 21-08-2020 11:17
de la com toujours de la com encore de la com et il ne reste que du vent emportant la poussière
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